vendredi 14 août 2015

De Henties Bay à Seisusvlei

Désormais reposés et remis de notre mésaventure, mais avec quelques jours de retards sur notre planning, nous décidons de longer le littoral jusqu’à Swakopmund, le long de la Skeleton Coast.
Cette côte porterait ce nom à cause des carcasses de baleines qui jonchaient la plage à l’époque où leur chasse était autorisée. Aujourd’hui les squelettes de baleines ont disparu et ont laissé place aux navires échoués. En effet, nombre d’entre eux ont été surpris par les bancs de sable venant du désert et se retrouvent des années plus tard presque sur la plage.


Nous arrivons donc à Swakopmund, la seconde ville du pays, qui est considérée comme l’une des villes les plus blanches de Namibie. Pour nous ça ne sera l’occasion que d’un arrêt déjeuner, de quelques courses rapides et d’une visite tout de même. Celle de l’aquarium. Nous avons pu y croiser quelques raies, que nous pouvions toucher, des requins autour desquels pataugeaient de plus petits poissons. Ce sont ces derniers qu’un plongeur, complètement immergé, est venu nourrir directement. Nous, nous le regardions au sec dans le tunnel de verre.








Allez, s’en est fini pour la côte, nous reprenons la route en direction de l’est, vers l’intérieur des terres. En descendant encore vers le sud, on arrive finalement à l’une des portes d’entrées du désert de Namib, la ville de Sesriem, où se trouve le lit de la rivière Tsauchab (qui ne s’écoule que lors des gros épisodes pluvieux). A l’entrée de ce parc national, se trouve le dernier camp où il est possible de passer la nuit. Nous y passerons la nuit de ce soir. Après un peu de repos et quelques partis de cartes nous partons en fin d’après-midi pour assister au coucher de soleil sur cet environnement extraordinaire.

Il est donc possible de suivre le lit de la rivière via une route goudronnée pendant 65kms en découvrant au fur et à mesure les dunes orange de Sossusvlei, plus belles et plus hautes les unes que les autres. Les cinq derniers kilomètres se font par contre sur une piste très sablonneuse, ou la maîtrise du sujet est conseillée (pas comme nous). Aux pieds des dunes, les « vlei », il y a des espaces désertiques et secs où la terre argileuse est craquelée. D’ailleurs, ce soir nous nous arrêtons dans l’un des « vlei » les plus connus, Dead Vlei, ou les arbres morts parsèment cette étendue blanche et déserte… Le mot « Dead » semble bien choisi ! Même si un oryx vient nous prouver le contraire en venant se promener dans le coin.

 





Bon, ce n’est pas tout, mais si on souhaite voir le coucher de soleil, il nous faut grimper en haut d’une des dunes voisines. C’est ce que nous entreprenons ! Mon dieu que c’est raide ! Dans le sable, nous avançons d’un pas et reculons d’un demi… Pour certains d’entre nous (dont je tairais les noms) l’ascension semble vraiment dur. Allez, on finit presque à quatre pattes mais tout le monde arrivera en haut pour assister au coucher de soleil sur le champ de dunes qui s’offre à nous. Le tout, accompagné d’un petit cidre, pour le réconfort de la grimpette ! L’instant est simplement magique, les couleurs passent du jaune au rouge avec toute une palette de nuances… Un joli tableau !

 

 





Le lendemain, le réveil fût vraiment matinal, puisque l’objectif était de profiter du lever du soleil sur l’une des dunes. Nous visons l’une des plus proches, la Dune 45, puisqu’elle est située à seulement 45km de l’entrée du parc. Nous y arrivons en premier et grimpons directement à son sommet, avant de voir débarquer toute une file indienne d’autres lèves-tôt s’installant le long de la crête. Comme nous nous y attendions, le spectacle est saisissant ! Le soleil sort progressivement au-dessus des collines, chauffant nos peaux de ses premiers rayons.





Une fois le spectacle fini, il faut redescendre de cette belle dune. Une méthode simple et amusante consiste à courir droit dans la pente. Et plus on est de fous, plus on rit ! Nous, on s’est drôlement marrés ! Quelques placages, fous rires et les baskets plein de sable plus tard, nous voici à la voiture pour quitter définitivement le coin, et rentrer sur la capitale, Windhoek.

Notre dernière journée tous ensemble et également la dernière de ce grand et magnifique voyage, sera bien remplie. Chacun a tout d’abord tenté de trouver des souvenirs pour soi, dans les différents magasins du centre-ville. Puis il a fallu déposer tout le monde à l’auberge que nous avions réservée, avant d’aller rendre le 4x4 avec Romain. Bon, là, forcément, après nos aventures, on en a pris pour notre grade ! La boîte de vitesse était bloquée en quatre roues motrices depuis quelques jours, et cela semble être la fin du monde pour la proprio bornée et hystérique. Apparemment nous ne sommes pas passés loin de devoir changer toute la boite de vitesse, mais le seul changement d’un ressort nous sera facturé. Ouf ! Bon, nous n’échapperons pas au pseudo « devis » élaboré par le mari au téléphone et réglerons sur place.

Le soir, pour nous remettre de ces émotions, et fêter la fin du voyage et des vacances, on essaye LE resto de référence ici. Celui où on est obligé d’être allé si on estime avoir visité Windhoek. (dixit notre pauvre loueuse). Au menu : de jolis cocktails et de beaux morceaux de viande, avec du springbok, du kudu, de l’oryx, du zèbre et du crocodile. Une bien bonne soirée entre potes comme on les aime.

Le lendemain, mercredi 12 Août, fin du voyage, après plus de 380 jours sur la route, il est temps de rentrer à la maison, retrouver les siens. Je suis le premier à quitter les copains pour la France, puis suivent Quentin, Jamot et Valentin qui auront une escale difficile à Johannesburg. Romain lui, ne part que le lendemain matin, à l’aube… peut-être trop bien ici pour rentrer ! ;)

Maintenant, places aux retrouvailles !

LA galère du voyage





Le lendemain nous nous rendons dans ce fameux lit de rivière asséché et croisons beaucoup d’indices de la présence des éléphants (traces, bouses,…) Nous sommes donc optimistes à l’idée d’en croiser plusieurs. Bien que le lit de rivière soit un peu leur garde manger, les éléphants du désert et leurs pattes plus fines que leur cousin des plaines peuvent parcourir jusqu’à 60km pour se nourrir. Ceci explique peut-être que nous en ayons vu qu’un seul broutant au calme, après trois longues heures de recherches intensives. Remotivé par cette rencontre, nous poursuivons un peu notre chemin dans le lit du fleuve en espérant croiser d’autres pachydermes. A tel point que nous nous en oublions même de rejoindre la piste que Louis nous avait indiquée. Au bout de quelques instants nous quittons le sable pour une zone beaucoup plus humide, marécageuse même, où poussent des bambous. Nous commençons à franchir quelques petites flaques qui ne nous inquiètent pas plus que ça, puis finissons par renoncer devant une très grosse flaque sans sortie. Nous empruntons donc un autre chemin, tout aussi boueux au milieu des bambous, jusqu’à ce que la quantité de boue me surprenne à la sortie d’un virage dans lequel j’étais engagé et où je ne voulais pas m’arrêter. On tente de passer et…

Ça ne passe pas !

 

Il est 12h et nous voilà donc bloqués dans la boue, un joli mélange de glaise, d’argile et de flotte. Un truc qui colle bien donc ! Deux roues sont largement embourbées, quasi jusqu’à la moitié et la voiture repose sur son châssis au milieu. On pense tout de même pouvoir s’en sortir seuls et rapidement. Je reste sagement au volant en écoutant les instructions des copains qui tentent de dégager les roues embourbées. Deux heures plus tard, Quentin et Valentin se proposent d’aller chercher de l’aide tandis que nous continuerons d’essayer de dégager les roues. Bien que nous soyons entourés d’eau, la région est relativement désertique et asséchée. Nous leurs donnons donc un maximum d’eau pour tenir jusqu’au lendemain si besoin.

Par miracle ils ont croisé le 4x4 d’une famille française qui réalisait le même parcours que nous, mis à part qu’eux étaient équipés d’un GPS leur indiquant une zone marécageuse là où nous étions. Dommage ! Après être venus constater notre situation, la famille à bien voulu les conduire au camp où ils ont prévu de passer la nuit, mais pas à Uis (la grande ville d’où nous venions se situant à quelques 100kms et là où il aurait été facile de trouver de l’aide). Une main tendue ne se refuse pas ! Les garçons acceptent et après une longue route avec les enfants sur les genoux, ils se retrouvent à la tombée de la nuit dans un camp au milieu de nulle part.

Là, Quentin prend les choses en main en expliquant à l’accueil la situation et en demandant les solutions envisageables. Elles sont peu nombreuses : pas de moyen de locomotion, pas de téléphone et de toute façon aucun numéro utile à appeler. Le gars essaye quand même d’appeler son patron… sans succès. Quentin et Valentin retournent voir les français qui leur donne leur position GPS, sait-on jamais. Une douche bien méritée avant de négocier une nuit dans le mini musée de conservation des rhinos, sur des lits de camp, au beau milieu des crânes La classe ! En nous sachant perdus au beau milieu d’’un marécage pour la nuit, la leur n'a pas été de tout repos.

Pendant ce temps-là, à la voiture, nous avions creusé jusqu’à la nuit tombée avant de nous rincer un minimum et de nous enfermer dans la voiture pour la soirée. Au programme : bières, vin, un peu de maïs et un bon film. Ou comment passer une bonne soirée avec deux potes et coincés dans un marécage. Après avoir presque bien dormi à trois dans la voiture, nous avons été réveillés par la chaleur. Nous nous sommes vite remis au travail, en dégageant les roues à la main, à la pelle-bêche (qui cassera vite) et à l’aide du cric, de bois et de pierres. Nous avançons à pas de fourmi, et chaque tentative pour sortir la voiture semble creuser encore un peu plus dans la boue. Et, plus le temps passe, plus nos réserves d’eau diminuent… Nous espérons vraiment les voir vers midi.

Du côté de nos (futurs) sauveurs, Quentin et Valentin : ils se sont levés à l’aube, ont essayé de trouver une solution avec le gars de l’accueil et finalement pris une décision : marcher les 10kms qui les séparent du grand carrefour où passe la route pour Uis, et d’où ils pourront apparemment facilement se faire prendre en stop. Avec sept litres d’eau (au goût immonde) sur eux, ils vont marcher deux heures sous la chaleur assommante, marquant leur chemin avec des pierres. Ils sont absolument tout seuls si on ignore les oryx, les autruches et les springboks qu’ils ont croisés. Ça aurait été beaucoup moins drôle s’ils n’avaient pas aperçu des empreintes de lion… Heureusement pour tout le monde, le lion dort la journée et chasse la nuit. Ouf ! Une fois au carrefour, ils attendent… encore et encore… pendant une heure… jusqu’à avoir l’impression de perdre leur temps et ils finissent par rebrousser chemin, à pied. Leur retour fût un calvaire, Val’ est à bout, il a une insolation, il perd ses forces et a la nausée… Il lui devient de plus en plus dur d’avancer. Bien sûr, grâce au soutien de Quentin, ils arriveront à rentrer, et Val’ filera sous la douche avant de s’endormir juste après. Ils se verront même offrir des conserves de pâté, qu'ils dégusteront avec le plus grand bonheur. Finalement, vers 13h, Quentin arrive à joindre le patron avec le téléphone satellite, et celui-ci contact des dépanneurs. Ils arriveront au camp vers 17h. De l’AIDE ! YOUPI !

Les deux dépanneurs, Trévor et Roméo (les prénoms ont été changés parce qu’on a rien compris !) possèdent un vieux pick-up tout déglingué, avec un moteur qui déchire. Tout simplement ! Trévor semble être le chef, (le blanc en plus…) avec sa gueule marquée par la vie et des bras et des mains de titans. Roméo, le black, est plus jeune, et semble être plus ou moins l’apprenti. Ces deux-là embarquent Quentin dans la cabine et Val dans la benne. Guidé par Quentin qui n’avait fait la « route » qu’une seule fois, ils rouleront à tout burlingue, en absorbant toutes les bosses, (là où nous roulions à 20 km/h la veille), en vérifiant que Val était toujours derrière, bien accroché. En plein rallye, ils ont tout de même voulu faire une pause pour… shooter des suricates ! Il semblerait que la technique soit simplement de jeter des pierres dans le terrier. Sans vrai succès ! Mais au moins, cette étonnante envie soudaine, a un peu détendu et amusé Quentin et Valentin.

Environ 19h : Romain entend un vrombissement au loin, qui s’intensifie de plus en plus, puis des lueurs dans le ciel. Pas de doute ce sont des phares ! Une voiture ici, à cette heure-ci, ça ne peut être qu’eux ! Wouhouuuuuu !! Nous voilà tous réunis ! Il était temps !

A la voiture, cette après-midi-là, nous avons encore essayé de dégager notre carrosse, sans succès forcément. Nos mains et nos ongles nous font mal, nos genoux sont écorchés, nous sommes atrocement sales, et de plus en plus fatigués par la chaleur et le manque d’eau. A midi, nous nous offrons une pause pour manger une conserve de maïs avec son eau que l’on boit avec grand plaisir.

Cette après-midi-là, voyant qu’il ne nous restait plus qu’un litre d’eau, j’ai décidé de tenter ma chance en rebroussant chemin dans le lit de la rivière en espérant croiser une voiture qui voudra bien remplir d’eau mon bidon vide de 5 litres. Une fois sorti de la zone marécageuse, il fait encore bien plus chaud, et j’ai vraiment l’impression de traîner mon corps de zone d’ombre en zone d’ombre. Je regarde mes pieds, et je m’aperçois que je suis bien le seul à laisser mes empreintes de pas ici, si ce n’est toutes les empreintes animales que nous n’avions pas forcément vues en voiture : gazelles et gros félins ! Peu importe, ce n’est l’heure de dîner pour personne ! Je reste tout de même attentif au moindre bruit de voiture (ou d’animaux) qui pourrait se trouver dans le coin. Je marche durant une heure, jusqu'à l'endroit où nous avions croisé l’éléphant. Il ne semble plus être là, du moins je ne le vois pas. Aucune trace de vie humaine, malgré mes « Hého ! » occasionnels. Aucune réponse ! Il faut que je garde assez de forces pour pouvoir rentrer sans eau, alors j’entreprends le chemin inverse. Je ne croiserai personne non plus mis à part un couple de grand kudu. Nous nous sommes regardés, comme si nous nous disions « On ne se veut pas de mal, chacun veut partir de son côté ! ». C’est ce qui se passa. Me voilà donc de retour à la voiture, assoiffé et sans eau, mes lèvres sont sèches et blanches !

A cet instant, je me motive à essayer de faire de l’eau potable. Nous sommes dans des marécages donc de l’eau, il y en a,… mais elle stagne et accueille même parfois un peu de vie. Qui ne tente rien n’a rien, je prends une conserve, récolte le dessus des flaques d’eau (là où elle est censé être la plus claire), la renifle et en goutte une micro gorgée : c’est de bonne augure, elle est inodore, incolore, et malgré son aspect sirupeuse, elle n’a pas un goût affreux. Pourtant, après l’avoir mise à bouillir sur notre gaz, pour en éliminer toutes les bactéries, elle se transforme en une solution blanchâtre à la l’odeur nauséabonde ! Raté ! Nous ne boirons pas cette chose !

Comme un miracle c’est à ce moment-là (19h) que les dépanneurs sont arrivés avec Quentin et Valentin. Enfin sauvés !

Mais ce n’est que le début, puisqu’il faut encore sortir notre voiture de là ! Mais les pros prennent les choses en main. Trévor et Roméo sortent du vrai matos, des crics de garages, une vraie pelle, des planches de 3m de long et une énorme corde. Ils constatent la misère dans laquelle je nous ai mis et commence à s’y mettre. Ils soulèvent la voiture avec le cric en appui sur les planches, comblent les trous avec des pierres et on recommence. Les mecs sont efficaces ! Nous, nous les aidons comme nous le pouvons, en les éclairant, en allant chercher des pierres et en leur offrant des clopes de temps en temps. En 10 minutes ils sont dégueulasses, nos frontales que nous leur prêtons aussi, mais ils en ont plus fait que nous en toute une journée. Le respect s’impose ! Allez, premier essai pour sortir la voiture de là, une grosse corde tendue entre les deux 4x4, leur pick-up s’élance en libérant tous ses chevaux d’un coup et… CRAC ! La corde se rompt, et vient enfoncer l’arrière du coffre de notre voiture qui n’a pas bougée… Peu importe, nous ne sommes plus à ça prêt !

Quelques coups de crics et de pelles plus tard, nouvel essai. C’est le bond !!! Notre voiture se fait traîner sur quelques mètres par le puissant pick-up pour nous sortir complètement de la boue. On crie HOURRA !!! Trévor prend le volant, pour faire la marche arrière délicate et nous sortir définitivement de ce pétrin. Et là, malheur, alors que Quentin lui dit de faire attention au trou de boue que nous avions évité à l’aller, Trévor n’y prête pas attention et plante la voiture dedans… ET M*RDE !

Bon, ben on recommence les manœuvres crics, planches, pelles, pierres et pendant de longues heures, nous essaierons diverses solutions : avec quelqu’un au volant ou non, en poussant ou pas… Nous y passerons beaucoup plus de temps que la première fois. A tel point qu’au bout de quelques essais ratés, Trévor nous annonce qu’il n’a plus d’idée mais qu’il tente une dernière fois avant qu’on aille tous passer la nuit quelque-part au sec pour revenir demain. On y croit encore un peu !

Le pick-up s’élance, commence à entraîner la voiture, mais pas suffisamment pour franchir le haut du trou dans lequel elle est. Au second élan, on se met tous derrière pour la maintenir en position et Roméo demande à Trévor de remettre les gaz rapidement. Il s’exécute et la voiture bondit hors de son trou ! Cette fois c’est la bonne ! Il est 22h, et après plus de 30h coincés, nous quittons l’enfer !

De nouveau tous les cinq dans le 4x4, nous devons suivre Trévor jusqu’à la prochaine grande ville pour les payer. Notre convoi se lance donc dans la nuit à la recherche des pistes qui nous ramèneront à Uis, et sans GPS ce n’est pas évident. Minuit arrive, et Trévor finit par demander notre chemin dans un camp en réveillant un mec dans l'une des deux pauvres tentes plantées là. Pour en rajouter encore un peu, nos amis ont cassé une pièce sur leur pick-up qui les empêche de rouler à plus de 30km/h… 

Donc à 3h du mat’, nous sommes toujours sur des pistes et on finit par demander à dormir à côté du camp d’un ferrailleur et chercheur de belles pierres.

Le réveil sonne à 6h, les gars sont debout depuis un bon moment apparemment, malgré une nuit coincés à deux dans leur voiture. Ils finissent de scier et souder une rapide réparation pour leur 4x4 afin de pouvoir rouler correctement. On partage quelques tartines avec eux pour le p’tit déj’ avant de prendre la bonne route, indiquée par le chef des lieux !

 

Cette sale aventure se terminera finalement à 10h, à Henties Bay, à une centaine de kilomètres au sud d’Uis (puisque aucun distributeur ne fonctionnait à Uis). On paye notre sauvetage avec même un petit pourboire pour nos deux secouristes qui y ont vraiment laissé de leur personne. Puis, « carwash » pour la voiture, un resto pour nous, une nuit dans un camp avec une bonne douche chaude et une nuit AU SEC TOUS ENSEMBLE !


Voilà comment une bonne grosse galère qui laisse des traces, est un sacré souvenir !



samedi 8 août 2015

D’Epupa Falls au massif du Brandberg

Sur la route, nous apercevons nos premiers Himbas, qui nous faisaient des grands signes pour que l’on s’arrête leur offrir quelque chose. Ce qu’ils réclament le plus sont des bonbons, en s’écriant « Sweetie ! Sweetie ! ». Nous décidons de ne pas nous attarder, même si de la farine de maïs (le fameux pap) ou des stylos et des cahiers auraient été la bienvenue et… plus sain.

Quand je dis qu’on ne s’est pas attardé, c’est que je n’ai vraiment pas traîné. En effet, les pistes propres, larges et sans aucune circulation donnent facilement confiance en soi et l’envie de rouler vite. Résultat : une belle frayeur à la sortie d’une bosse quand nous n'étions plus liés à la terre ferme pendant quelques secondes ! Oups ! Finalement, « seulement » quelques petits dégâts matériels à déclarer (vitre du coffre, attache du coffre, bouteille de vin, œufs, une caisse, la table, le frigo,… et j’en oublie sûrement !). Certaines choses sont même passées par la fenêtre. Bon, on ramasse tout, on rassemble les morceaux et on poursuit… tranquillement maintenant.

Au bout de cette piste, nous arrivons enfin à l’Epupa Camp, au bord du fleuve, juste au-dessus des chutes d’eau. Pas dégueu donc ! On s’installe rapidement au bord du fleuve et nous filons faire un petit tour au-dessus de la rivière pour prendre un peu de hauteur. D’ici on observe une superbe et impressionnante oasis, entre palmiers et cascades. Une telle concentration d’eau et de verdure annonce une soirée paisible à jouer aux cartes et à boire une bière. Après, une bonne douche et une nuit bien méritée nous attend !

Le lendemain matin, on se lève à l’aube pour admirer dans le calme le plus complet, le lever de soleil juste au-dessus des chutes, dans un cadre idyllique. Puis on se met en route pour une petite randonnée en remontant la rivière où l’on croisera un guide français et son groupe qui nous montrerons un crocodile se faisant dorer la pilule sur la rive. Plus tard, nous croisons une jeune fille grignotant un fruit encore inconnu pour nous. Je la questionne à ce sujet et on découvre donc le fruit du palmier. La technique de récolte est simple mais demande un peu de dextérité, lancer des cailloux aux sommets des arbres pour tenter de décrocher quelques fruits.

On débute notre descente vers Opuwo, avant de s’arrêter pour une partie de ballon, puis de cartes et y passer la nuit.

Opuwo est une étrange ville mélangeant tradition et modernisme, où les Himbas fréquentent les supermarchés, où les huttes et les maisons en dures sont voisines. Nous croisons le chemin de Stéphane, un québécois, organisant un tour guidé pour rencontrer une communauté Himba. Nous décidons de nous joindre à lui. Notre guide local, un Himba nous emmène dans un premier temps dans une supérette afin d’acheter les cadeaux de bienvenue : 30kg de farine de maïs, du sucre, de l’huile et du café. L’essentiel donc !

Le village se trouve à une quinzaine de kilomètres de la ville et une fois devant, nous stoppons les véhicules et écoutons le briefing du guide…

Le peuple Himba est un peuple nomade mais certains de leurs camps, comme celui-ci, sont permanents avec des huttes en dur, protégées par une haute palissade délimitant le village. La plus importante des maisons est bien-sûr celle du chef, qui fait toujours face au feu sacré (utilisé uniquement pour les cérémonies, lorsque le chef communique avec les esprits des anciens, qui eux, peuvent s’adresser à dieu). Dans le même alignement, opposé à la hutte du chef, un petit enclos accueille le bétail. Un chemin reliant la maison du chef au feu sacré ne doit jamais être traversé par un inconnu. Il nous est donc primordial de nous présenter avant de pouvoir circuler librement dans le village. A ce propos : « Morro » en roulant les « r » signifie « Bonjour » ; « Péribi » signifie « Comment ça va ? » ; « Nawa » permet de répondre « Bien ! ». Voilà pour les bases.

Voilà quelques précisions sur ce peuple : Aucun ne connaît sa date de naissance et donc son âge… Tous se font enlever les 4 incisives du bas. Les jeunes garçons après s’être fait circoncire à l’âge de deux ans, portent une seule tresse vers l’arrière tandis que les filles portent deux tresses plaquées vers l’avant, tombant au niveau des yeux. Évidemment ces coiffures évoluent progressivement jusqu’à l’âge adulte. Auparavant, on disait qu’un garçon devenait homme lorsqu’il savait chasser (la limite est plus floue aujourd’hui) alors que les filles deviennent femmes à leurs premières menstruations. Concernant le travail, les enfants peuvent garder le bétail, tandis que les hommes chassent ou vont chercher de l’eau. Les femmes elles, font tout le reste, la cuisine, s’occupent des enfants, etc.

Nous avons partagé un bon moment avec le chef du village, en sandales, k-way avec des clés en bandoulière et un téléphone portable, écoutant sa radio. Sa femme, en tenue traditionnelle, la peau rouge et les seins nus, fabriquait un collier et préparait ensuite le repas.

Moment un peu plus intimiste dans une hutte avec deux femmes qui nous présentaient certaines de leurs tenues, leurs coiffes faites de peau de chèvre ainsi que la fabrication de leur beurre mélangé à l’ocre rouge dont elles s’enduisent chaque jour sans jamais se laver. Quelques photos avec elles finissent de rapprocher Jamot et sa belle Monica, qui ne comprend absolument pas son célibat. D’ailleurs, à propos du mariage, le mari paie 3 vaches à sa future belle-famille (ou 9 vaches à l’ancien mari d’une femme divorcée…).
Toutes les femmes des villages alentours, soit près de 30 dames, nous ont présenté en cercle leur artisanat, en nous incitant fortement à en acheter. L’une d’entre elles, seule représentante du peuple Herero, portait une belle robe colorée et une superbe coiffe. Pas insensible à tout cela, nous repartons chacun avec quelques bracelets.

Avant de quitter le village nous offrons nos courses au chef du village, qui, entre nous, ne semble pas y porter un grand intérêt ni même montrer le moindre signe de gratitude.

Puis, notre route sensée nous mener vers la ville de Seisfontein s’est retrouvée bloquée, et nous avons dû emprunter un itinéraire « bis » (voire « ter » ou pire…) et rouler un long moment à travers les vastes étendues namibiennes. Nous demandons même plusieurs fois notre chemin dans des villages isolés, avant de passer la soirée dans la brousse, au milieu de nulle part, à jouer aux cartes au bord du feu.

Levé de bonne heure, j’en profite pour faire un tour dans les environs, voir s’il y a quelque âme qui vive ici. En réalité, peu de monde… Beaucoup d’oiseaux et deux petites gazelles. D’ailleurs, à vouloir trop me balader j’ai fini par être désorienté et retrouver la voiture au milieu de ces arbustes qui se ressemblent tous n’a pas été si simple.

La journée fût longue ce jour-là. Au nord de seisfontein se trouve (apparemment) un joli canyon qui mérite le détour. Comme il est plus ou moins sur notre chemin, nous le visons, avec comme seule indication la vague description du guide. On reste optimiste. Finalement, après une journée de voiture et un joli tour de 250kms nous sommes revenus au point de départ sans avoir trouvé ce canyon. C’est un vrai échec ! Mais au moins nous avons apprécié les paysages désertiques au milieu des montagnes du Kaokoland.

La prochaine étape est Twyfelfontein, qui regroupe beaucoup de sites touristiques, à commencer par des gravures (et non des peintures) rupestres datant d’il y a 200 à 4000 ans (animaux de la savane, chasseurs, marins…) mais notre guide était très peu motivé en cette toute fin d’après-midi. Pour finir cette journée, Jamot a fait ses premiers essais de conduite. Une réussite totale ! Pour fêter ça (oui on aime bien ça !) la soirée se terminera dans un camp à siroter des bières et à jouer aux cartes. Hmmmm !

Ici, les sites commencent à être bien touristiques et les droits d’entrée ne sont pas négligeables. Nous refusons de payer pour nous balader sur la Burnt Montain, une simple montagne sombre et pelée qui donne l’impression d’être brûlée. Puis nous finissons par tout de même faire un arrêt à la forêt pétrifiée… la mauvaise… puisque après notre visite nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas le bon endroit. Le guide parle bien trop vite avec un fort accent. Ici, les restes d’arbres sont devenus pierres et il est parfois encore possible de voir les stries des arbres. Pour ne pas que d'autres reproduisent la même erreur que nous, on renvoie d’autres français vers la bonne forêt pétrifiée.

Cette région vraiment touristique et où les locaux l’ont bien compris ne nous plaît pas davantage et nous décidons de poursuivre notre route vers Uis (prononcé Uish)

Pour finir cette deuxième semaine entre nous, et après plusieurs belles journées de voiture nous avons envie de nous dégourdir les pattes. Ça tombe très bien, le massif du Brandberg où nous arrivons s’y prête très bien et nous donnera un bon point de vue de la région vue du haut. Bien que nous n’ayons aucune idée des sentiers existants ou non, nous voulons essayer. Tout d’abord il faudrait réussir à approcher cette belle montagne en 4x4, via les pistes… mais nous finissons par couper hors des sentiers à petite vitesse et y arrivons enfin.

Nous partons très légers : quelques oranges et un peu d’eau pour tenter de remonter un petit lit de rivière asséchée jusqu’au point culminant, quelques 1000m plus haut.

Je pars de mon côté pour faire quelques photos, crapahuter et explorer les environs à ma manière. Les autres suivent plus tranquillement le fond du canyon où ils croisent beaucoup de squelettes d’animaux. Gloup’s !! Je progresse vite et bien, jusqu’à me retrouver devant la dernière face, trop raide et lisse pour grimper non assuré. Je trouve finalement mon chemin et, après un peu d’escalade quand même, quelques frayeurs et une chute sans gravité, me voilà en haut.

Les copains eux, ont moins vite avancé dans le canyon et sont en contrebas. Ils ne m’aperçoivent pas tout de suite puis finissent par faire demi-tour. En haut, une magnifique vue sur la plaine, bien qu’une brume voile légèrement l’horizon. Marmottes, lézards et rapaces m’accompagnent.

Une fois les copains retrouvés, ils m’apprennent qu’ils ont déjà fini leurs réserves d’eau et que Jamot et Valentin ne se sentent pas bien du tout sous cette très forte chaleur. L’insolation les guette ! Oups, j’avais avec moi la moitié de l’eau du groupe. Une fois Jamot arrosé à grande eau et réhydraté, il termine sa descente tranquillement, à son rythme, sous l’œil vigilent de Quentin. Valentin a tenu jusqu’à la voiture mais a frôlé le malaise. Heureusement que Romain, le grand frère, a veillé ! Tandis que Romain rebrousse chemin pour offrir une bonne orange juteuse à Jamot, je retrouve Valentin couché à l’ombre de la voiture et qui subira le même sort que Jamot… arrosé à grande eau aussi.

Fiou, tout le monde finit la rando fatigué, assoiffé et étourdi par le soleil… mais entier !

Pour nous remettre de cela on s’offre le luxe d’un apéro et d’un burger dans un lodge de la ville d’Uis. C’est aussi là que l’on fait la rencontre d’un habitué, Louis, qui nous parle des éléphants du désert et nous indique sur une carte, un lit de rivière asséché, l’Urgarb, où ils ont l’habitude de venir se nourrir.



































Le début d’une folle aventure !