Sur la route, nous
apercevons nos premiers Himbas, qui nous faisaient des grands signes
pour que l’on s’arrête leur offrir quelque chose. Ce qu’ils
réclament le plus sont des bonbons, en s’écriant « Sweetie !
Sweetie ! ». Nous décidons de ne pas nous attarder, même
si de la farine de maïs (le fameux pap) ou des stylos et des cahiers
auraient été la bienvenue et… plus sain.
Quand je dis qu’on ne
s’est pas attardé, c’est que je n’ai vraiment pas traîné. En
effet, les pistes propres, larges et sans aucune circulation donnent
facilement confiance en soi et l’envie de rouler vite. Résultat :
une belle frayeur à la sortie d’une bosse quand nous n'étions
plus liés à la terre ferme pendant quelques secondes ! Oups !
Finalement, « seulement » quelques petits dégâts
matériels à déclarer (vitre du coffre, attache du coffre,
bouteille de vin, œufs, une caisse, la table, le frigo,… et j’en
oublie sûrement !). Certaines choses sont même passées par la
fenêtre. Bon, on ramasse tout, on rassemble les morceaux et on
poursuit… tranquillement maintenant.
Au bout de cette piste,
nous arrivons enfin à l’Epupa Camp, au bord du fleuve, juste
au-dessus des chutes d’eau. Pas dégueu donc ! On s’installe
rapidement au bord du fleuve et nous filons faire un petit tour
au-dessus de la rivière pour prendre un peu de hauteur. D’ici on
observe une superbe et impressionnante oasis, entre palmiers et
cascades. Une telle concentration d’eau et de verdure annonce une
soirée paisible à jouer aux cartes et à boire une bière. Après,
une bonne douche et une nuit bien méritée nous attend !
Le lendemain matin, on se
lève à l’aube pour admirer dans le calme le plus complet, le
lever de soleil juste au-dessus des chutes, dans un cadre idyllique.
Puis on se met en route pour une petite randonnée en remontant la
rivière où l’on croisera un guide français et son groupe qui
nous montrerons un crocodile se faisant dorer la pilule sur la rive.
Plus tard, nous croisons une jeune fille grignotant un fruit encore
inconnu pour nous. Je la questionne à ce sujet et on découvre donc
le fruit du palmier. La technique de récolte est simple mais demande
un peu de dextérité, lancer des cailloux aux sommets des arbres
pour tenter de décrocher quelques fruits.
On débute notre descente
vers Opuwo, avant de s’arrêter pour une partie de ballon, puis de
cartes et y passer la nuit.
Opuwo est une étrange
ville mélangeant tradition et modernisme, où les Himbas fréquentent
les supermarchés, où les huttes et les maisons en dures sont
voisines. Nous croisons le chemin de Stéphane, un québécois,
organisant un tour guidé pour rencontrer une communauté Himba. Nous
décidons de nous joindre à lui. Notre guide local, un Himba nous
emmène dans un premier temps dans une supérette afin d’acheter
les cadeaux de bienvenue : 30kg de farine de maïs, du sucre, de
l’huile et du café. L’essentiel donc !
Le village se trouve à
une quinzaine de kilomètres de la ville et une fois devant, nous
stoppons les véhicules et écoutons le briefing du guide…
Le peuple Himba est un
peuple nomade mais certains de leurs camps, comme celui-ci, sont
permanents avec des huttes en dur, protégées par une haute
palissade délimitant le village. La plus importante des maisons est
bien-sûr celle du chef, qui fait toujours face au feu sacré
(utilisé uniquement pour les cérémonies, lorsque le chef
communique avec les esprits des anciens, qui eux, peuvent s’adresser
à dieu). Dans le même alignement, opposé à la hutte du chef, un
petit enclos accueille le bétail. Un chemin reliant la maison du
chef au feu sacré ne doit jamais être traversé par un inconnu. Il
nous est donc primordial de nous présenter avant de pouvoir circuler
librement dans le village. A ce propos : « Morro »
en roulant les « r » signifie « Bonjour » ;
« Péribi » signifie « Comment ça va ? » ;
« Nawa » permet de répondre « Bien ! ».
Voilà pour les bases.
Voilà quelques
précisions sur ce peuple : Aucun ne connaît sa date de
naissance et donc son âge… Tous se font enlever les 4 incisives du
bas. Les jeunes garçons après s’être fait circoncire à l’âge
de deux ans, portent une seule tresse vers l’arrière tandis que
les filles portent deux tresses plaquées vers l’avant, tombant au
niveau des yeux. Évidemment ces coiffures évoluent progressivement
jusqu’à l’âge adulte. Auparavant, on disait qu’un garçon
devenait homme lorsqu’il savait chasser (la limite est plus floue
aujourd’hui) alors que les filles deviennent femmes à leurs
premières menstruations. Concernant le travail, les enfants peuvent
garder le bétail, tandis que les hommes chassent ou vont chercher de
l’eau. Les femmes elles, font tout le reste, la cuisine, s’occupent
des enfants, etc.
Nous avons partagé un
bon moment avec le chef du village, en sandales, k-way avec des clés
en bandoulière et un téléphone portable, écoutant sa radio. Sa
femme, en tenue traditionnelle, la peau rouge et les seins nus,
fabriquait un collier et préparait ensuite le repas.
Moment un peu plus
intimiste dans une hutte avec deux femmes qui nous présentaient
certaines de leurs tenues, leurs coiffes faites de peau de chèvre
ainsi que la fabrication de leur beurre mélangé à l’ocre rouge
dont elles s’enduisent chaque jour sans jamais se laver. Quelques
photos avec elles finissent de rapprocher Jamot et sa belle Monica,
qui ne comprend absolument pas son célibat. D’ailleurs, à propos
du mariage, le mari paie 3 vaches à sa future belle-famille (ou 9
vaches à l’ancien mari d’une femme divorcée…).
Toutes les femmes des
villages alentours, soit près de 30 dames, nous ont présenté en
cercle leur artisanat, en nous incitant fortement à en acheter.
L’une d’entre elles, seule représentante du peuple Herero,
portait une belle robe colorée et une superbe coiffe. Pas insensible
à tout cela, nous repartons chacun avec quelques bracelets.
Avant de quitter le
village nous offrons nos courses au chef du village, qui, entre nous,
ne semble pas y porter un grand intérêt ni même montrer le moindre
signe de gratitude.
Puis, notre route sensée
nous mener vers la ville de Seisfontein s’est retrouvée bloquée,
et nous avons dû emprunter un itinéraire « bis » (voire
« ter » ou pire…) et rouler un long moment à travers
les vastes étendues namibiennes. Nous demandons même plusieurs fois
notre chemin dans des villages isolés, avant de passer la soirée
dans la brousse, au milieu de nulle part, à jouer aux cartes au bord
du feu.
Levé de bonne heure,
j’en profite pour faire un tour dans les environs, voir s’il y a
quelque âme qui vive ici. En réalité, peu de monde… Beaucoup
d’oiseaux et deux petites gazelles. D’ailleurs, à vouloir trop
me balader j’ai fini par être désorienté et retrouver la voiture
au milieu de ces arbustes qui se ressemblent tous n’a pas été si
simple.
La journée fût longue
ce jour-là. Au nord de seisfontein se trouve (apparemment) un joli
canyon qui mérite le détour. Comme il est plus ou moins sur notre
chemin, nous le visons, avec comme seule indication la vague
description du guide. On reste optimiste. Finalement, après une
journée de voiture et un joli tour de 250kms nous sommes revenus au
point de départ sans avoir trouvé ce canyon. C’est un vrai
échec ! Mais au moins nous avons apprécié les paysages
désertiques au milieu des montagnes du Kaokoland.
La prochaine étape est
Twyfelfontein, qui regroupe beaucoup de sites touristiques, à
commencer par des gravures (et non des peintures) rupestres datant
d’il y a 200 à 4000 ans (animaux de la savane, chasseurs, marins…)
mais notre guide était très peu motivé en cette toute fin
d’après-midi. Pour finir cette journée, Jamot a fait ses premiers
essais de conduite. Une réussite totale ! Pour fêter ça (oui
on aime bien ça !) la soirée se terminera dans un camp à
siroter des bières et à jouer aux cartes. Hmmmm !
Ici, les sites commencent
à être bien touristiques et les droits d’entrée ne sont pas
négligeables. Nous refusons de payer pour nous balader sur la Burnt
Montain, une simple montagne
sombre et pelée qui donne l’impression d’être brûlée.
Puis nous finissons par tout de même faire un arrêt à la forêt
pétrifiée… la mauvaise… puisque après notre visite nous nous
sommes rendus compte que ce n’était pas le bon endroit. Le guide
parle bien trop vite avec un fort accent. Ici, les restes d’arbres
sont devenus pierres et il est parfois encore possible de voir les
stries des arbres. Pour ne pas que d'autres reproduisent la même
erreur que nous, on renvoie d’autres français vers la bonne forêt
pétrifiée.
Cette région vraiment
touristique et où les locaux l’ont bien compris ne nous plaît pas
davantage et nous décidons de poursuivre notre route vers Uis
(prononcé Uish)
Pour finir cette deuxième
semaine entre nous, et après plusieurs belles journées de voiture
nous avons envie de nous dégourdir les pattes. Ça tombe très bien,
le massif du Brandberg où nous arrivons s’y prête très bien et
nous donnera un bon point de vue de la région vue du haut. Bien que
nous n’ayons aucune idée des sentiers existants ou non, nous
voulons essayer. Tout d’abord il faudrait réussir à approcher
cette belle montagne en 4x4, via les pistes… mais nous finissons
par couper hors des sentiers à petite vitesse et y arrivons enfin.
Nous partons très
légers : quelques oranges et un peu d’eau pour tenter de
remonter un petit lit de rivière asséchée jusqu’au point
culminant, quelques 1000m plus haut.
Je pars de mon côté
pour faire quelques photos, crapahuter et explorer les environs à ma
manière. Les autres suivent plus tranquillement le fond du canyon où
ils croisent beaucoup de squelettes d’animaux. Gloup’s !! Je
progresse vite et bien, jusqu’à me retrouver devant la dernière
face, trop raide et lisse pour grimper non assuré. Je trouve
finalement mon chemin et, après un peu d’escalade quand même,
quelques frayeurs et une chute sans gravité, me voilà en haut.
Les copains eux, ont
moins vite avancé dans le canyon et sont en contrebas. Ils ne
m’aperçoivent pas tout de suite puis finissent par faire
demi-tour. En haut, une magnifique vue sur la plaine, bien qu’une
brume voile légèrement l’horizon. Marmottes, lézards et rapaces
m’accompagnent.
Une fois les copains
retrouvés, ils m’apprennent qu’ils ont déjà fini leurs
réserves d’eau et que Jamot et Valentin ne se sentent pas bien du
tout sous cette très forte chaleur. L’insolation les guette !
Oups, j’avais avec moi la moitié de l’eau du groupe. Une fois
Jamot arrosé à grande eau et réhydraté, il termine sa descente
tranquillement, à son rythme, sous l’œil vigilent de Quentin.
Valentin a tenu jusqu’à la voiture mais a frôlé le malaise.
Heureusement que Romain, le grand frère, a veillé ! Tandis que
Romain rebrousse chemin pour offrir une bonne orange juteuse à
Jamot, je retrouve Valentin couché à l’ombre de la voiture et qui
subira le même sort que Jamot… arrosé à grande eau aussi.
Fiou, tout le monde finit
la rando fatigué, assoiffé et étourdi par le soleil… mais
entier !
Pour nous remettre de
cela on s’offre le luxe d’un apéro et d’un burger dans un
lodge de la ville d’Uis. C’est aussi là que l’on fait la
rencontre d’un habitué, Louis, qui nous parle des éléphants du
désert et nous indique sur une carte, un lit de rivière asséché,
l’Urgarb, où ils ont l’habitude de venir se nourrir.
Le début d’une folle
aventure !