samedi 8 août 2015

D’Epupa Falls au massif du Brandberg

Sur la route, nous apercevons nos premiers Himbas, qui nous faisaient des grands signes pour que l’on s’arrête leur offrir quelque chose. Ce qu’ils réclament le plus sont des bonbons, en s’écriant « Sweetie ! Sweetie ! ». Nous décidons de ne pas nous attarder, même si de la farine de maïs (le fameux pap) ou des stylos et des cahiers auraient été la bienvenue et… plus sain.

Quand je dis qu’on ne s’est pas attardé, c’est que je n’ai vraiment pas traîné. En effet, les pistes propres, larges et sans aucune circulation donnent facilement confiance en soi et l’envie de rouler vite. Résultat : une belle frayeur à la sortie d’une bosse quand nous n'étions plus liés à la terre ferme pendant quelques secondes ! Oups ! Finalement, « seulement » quelques petits dégâts matériels à déclarer (vitre du coffre, attache du coffre, bouteille de vin, œufs, une caisse, la table, le frigo,… et j’en oublie sûrement !). Certaines choses sont même passées par la fenêtre. Bon, on ramasse tout, on rassemble les morceaux et on poursuit… tranquillement maintenant.

Au bout de cette piste, nous arrivons enfin à l’Epupa Camp, au bord du fleuve, juste au-dessus des chutes d’eau. Pas dégueu donc ! On s’installe rapidement au bord du fleuve et nous filons faire un petit tour au-dessus de la rivière pour prendre un peu de hauteur. D’ici on observe une superbe et impressionnante oasis, entre palmiers et cascades. Une telle concentration d’eau et de verdure annonce une soirée paisible à jouer aux cartes et à boire une bière. Après, une bonne douche et une nuit bien méritée nous attend !

Le lendemain matin, on se lève à l’aube pour admirer dans le calme le plus complet, le lever de soleil juste au-dessus des chutes, dans un cadre idyllique. Puis on se met en route pour une petite randonnée en remontant la rivière où l’on croisera un guide français et son groupe qui nous montrerons un crocodile se faisant dorer la pilule sur la rive. Plus tard, nous croisons une jeune fille grignotant un fruit encore inconnu pour nous. Je la questionne à ce sujet et on découvre donc le fruit du palmier. La technique de récolte est simple mais demande un peu de dextérité, lancer des cailloux aux sommets des arbres pour tenter de décrocher quelques fruits.

On débute notre descente vers Opuwo, avant de s’arrêter pour une partie de ballon, puis de cartes et y passer la nuit.

Opuwo est une étrange ville mélangeant tradition et modernisme, où les Himbas fréquentent les supermarchés, où les huttes et les maisons en dures sont voisines. Nous croisons le chemin de Stéphane, un québécois, organisant un tour guidé pour rencontrer une communauté Himba. Nous décidons de nous joindre à lui. Notre guide local, un Himba nous emmène dans un premier temps dans une supérette afin d’acheter les cadeaux de bienvenue : 30kg de farine de maïs, du sucre, de l’huile et du café. L’essentiel donc !

Le village se trouve à une quinzaine de kilomètres de la ville et une fois devant, nous stoppons les véhicules et écoutons le briefing du guide…

Le peuple Himba est un peuple nomade mais certains de leurs camps, comme celui-ci, sont permanents avec des huttes en dur, protégées par une haute palissade délimitant le village. La plus importante des maisons est bien-sûr celle du chef, qui fait toujours face au feu sacré (utilisé uniquement pour les cérémonies, lorsque le chef communique avec les esprits des anciens, qui eux, peuvent s’adresser à dieu). Dans le même alignement, opposé à la hutte du chef, un petit enclos accueille le bétail. Un chemin reliant la maison du chef au feu sacré ne doit jamais être traversé par un inconnu. Il nous est donc primordial de nous présenter avant de pouvoir circuler librement dans le village. A ce propos : « Morro » en roulant les « r » signifie « Bonjour » ; « Péribi » signifie « Comment ça va ? » ; « Nawa » permet de répondre « Bien ! ». Voilà pour les bases.

Voilà quelques précisions sur ce peuple : Aucun ne connaît sa date de naissance et donc son âge… Tous se font enlever les 4 incisives du bas. Les jeunes garçons après s’être fait circoncire à l’âge de deux ans, portent une seule tresse vers l’arrière tandis que les filles portent deux tresses plaquées vers l’avant, tombant au niveau des yeux. Évidemment ces coiffures évoluent progressivement jusqu’à l’âge adulte. Auparavant, on disait qu’un garçon devenait homme lorsqu’il savait chasser (la limite est plus floue aujourd’hui) alors que les filles deviennent femmes à leurs premières menstruations. Concernant le travail, les enfants peuvent garder le bétail, tandis que les hommes chassent ou vont chercher de l’eau. Les femmes elles, font tout le reste, la cuisine, s’occupent des enfants, etc.

Nous avons partagé un bon moment avec le chef du village, en sandales, k-way avec des clés en bandoulière et un téléphone portable, écoutant sa radio. Sa femme, en tenue traditionnelle, la peau rouge et les seins nus, fabriquait un collier et préparait ensuite le repas.

Moment un peu plus intimiste dans une hutte avec deux femmes qui nous présentaient certaines de leurs tenues, leurs coiffes faites de peau de chèvre ainsi que la fabrication de leur beurre mélangé à l’ocre rouge dont elles s’enduisent chaque jour sans jamais se laver. Quelques photos avec elles finissent de rapprocher Jamot et sa belle Monica, qui ne comprend absolument pas son célibat. D’ailleurs, à propos du mariage, le mari paie 3 vaches à sa future belle-famille (ou 9 vaches à l’ancien mari d’une femme divorcée…).
Toutes les femmes des villages alentours, soit près de 30 dames, nous ont présenté en cercle leur artisanat, en nous incitant fortement à en acheter. L’une d’entre elles, seule représentante du peuple Herero, portait une belle robe colorée et une superbe coiffe. Pas insensible à tout cela, nous repartons chacun avec quelques bracelets.

Avant de quitter le village nous offrons nos courses au chef du village, qui, entre nous, ne semble pas y porter un grand intérêt ni même montrer le moindre signe de gratitude.

Puis, notre route sensée nous mener vers la ville de Seisfontein s’est retrouvée bloquée, et nous avons dû emprunter un itinéraire « bis » (voire « ter » ou pire…) et rouler un long moment à travers les vastes étendues namibiennes. Nous demandons même plusieurs fois notre chemin dans des villages isolés, avant de passer la soirée dans la brousse, au milieu de nulle part, à jouer aux cartes au bord du feu.

Levé de bonne heure, j’en profite pour faire un tour dans les environs, voir s’il y a quelque âme qui vive ici. En réalité, peu de monde… Beaucoup d’oiseaux et deux petites gazelles. D’ailleurs, à vouloir trop me balader j’ai fini par être désorienté et retrouver la voiture au milieu de ces arbustes qui se ressemblent tous n’a pas été si simple.

La journée fût longue ce jour-là. Au nord de seisfontein se trouve (apparemment) un joli canyon qui mérite le détour. Comme il est plus ou moins sur notre chemin, nous le visons, avec comme seule indication la vague description du guide. On reste optimiste. Finalement, après une journée de voiture et un joli tour de 250kms nous sommes revenus au point de départ sans avoir trouvé ce canyon. C’est un vrai échec ! Mais au moins nous avons apprécié les paysages désertiques au milieu des montagnes du Kaokoland.

La prochaine étape est Twyfelfontein, qui regroupe beaucoup de sites touristiques, à commencer par des gravures (et non des peintures) rupestres datant d’il y a 200 à 4000 ans (animaux de la savane, chasseurs, marins…) mais notre guide était très peu motivé en cette toute fin d’après-midi. Pour finir cette journée, Jamot a fait ses premiers essais de conduite. Une réussite totale ! Pour fêter ça (oui on aime bien ça !) la soirée se terminera dans un camp à siroter des bières et à jouer aux cartes. Hmmmm !

Ici, les sites commencent à être bien touristiques et les droits d’entrée ne sont pas négligeables. Nous refusons de payer pour nous balader sur la Burnt Montain, une simple montagne sombre et pelée qui donne l’impression d’être brûlée. Puis nous finissons par tout de même faire un arrêt à la forêt pétrifiée… la mauvaise… puisque après notre visite nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas le bon endroit. Le guide parle bien trop vite avec un fort accent. Ici, les restes d’arbres sont devenus pierres et il est parfois encore possible de voir les stries des arbres. Pour ne pas que d'autres reproduisent la même erreur que nous, on renvoie d’autres français vers la bonne forêt pétrifiée.

Cette région vraiment touristique et où les locaux l’ont bien compris ne nous plaît pas davantage et nous décidons de poursuivre notre route vers Uis (prononcé Uish)

Pour finir cette deuxième semaine entre nous, et après plusieurs belles journées de voiture nous avons envie de nous dégourdir les pattes. Ça tombe très bien, le massif du Brandberg où nous arrivons s’y prête très bien et nous donnera un bon point de vue de la région vue du haut. Bien que nous n’ayons aucune idée des sentiers existants ou non, nous voulons essayer. Tout d’abord il faudrait réussir à approcher cette belle montagne en 4x4, via les pistes… mais nous finissons par couper hors des sentiers à petite vitesse et y arrivons enfin.

Nous partons très légers : quelques oranges et un peu d’eau pour tenter de remonter un petit lit de rivière asséchée jusqu’au point culminant, quelques 1000m plus haut.

Je pars de mon côté pour faire quelques photos, crapahuter et explorer les environs à ma manière. Les autres suivent plus tranquillement le fond du canyon où ils croisent beaucoup de squelettes d’animaux. Gloup’s !! Je progresse vite et bien, jusqu’à me retrouver devant la dernière face, trop raide et lisse pour grimper non assuré. Je trouve finalement mon chemin et, après un peu d’escalade quand même, quelques frayeurs et une chute sans gravité, me voilà en haut.

Les copains eux, ont moins vite avancé dans le canyon et sont en contrebas. Ils ne m’aperçoivent pas tout de suite puis finissent par faire demi-tour. En haut, une magnifique vue sur la plaine, bien qu’une brume voile légèrement l’horizon. Marmottes, lézards et rapaces m’accompagnent.

Une fois les copains retrouvés, ils m’apprennent qu’ils ont déjà fini leurs réserves d’eau et que Jamot et Valentin ne se sentent pas bien du tout sous cette très forte chaleur. L’insolation les guette ! Oups, j’avais avec moi la moitié de l’eau du groupe. Une fois Jamot arrosé à grande eau et réhydraté, il termine sa descente tranquillement, à son rythme, sous l’œil vigilent de Quentin. Valentin a tenu jusqu’à la voiture mais a frôlé le malaise. Heureusement que Romain, le grand frère, a veillé ! Tandis que Romain rebrousse chemin pour offrir une bonne orange juteuse à Jamot, je retrouve Valentin couché à l’ombre de la voiture et qui subira le même sort que Jamot… arrosé à grande eau aussi.

Fiou, tout le monde finit la rando fatigué, assoiffé et étourdi par le soleil… mais entier !

Pour nous remettre de cela on s’offre le luxe d’un apéro et d’un burger dans un lodge de la ville d’Uis. C’est aussi là que l’on fait la rencontre d’un habitué, Louis, qui nous parle des éléphants du désert et nous indique sur une carte, un lit de rivière asséché, l’Urgarb, où ils ont l’habitude de venir se nourrir.



































Le début d’une folle aventure !


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