mardi 7 avril 2015

Siem Reap - Les temples d’Angkor

Après une longue et fatigante journée dans un bus, pourtant confortable et bien équipé (même le WiFi !!) nous voilà enfin arrivés à bon port ! Siem Reap, ville toute proche des temples d’Angkor, site inscrit au patrimoine mondial de l’humanité ayant fait rêver plus d’un voyageur.

Avant de s’attaquer à la découverte et la visite des fameux temples, nous souhaitions avoir une petite introduction concernant ces monuments et cette période, tous deux historiques pour le pays.

C’est donc logiquement que nous nous sommes dirigés vers le musée d’Angkor pour notre première matinée, afin d’en apprendre un peu plus sur la civilisation Khmère, forte puissance de l’époque.

Nous découvrons alors une première salle, celle dite des « milles bouddhas », certains en pierre, d’autres en bois ou encore dorés, représentés dans différentes postures mais tous d’origines cambodgiennes et remarquablement bien conservés. Plus loin, des statues Hindoues aussi y sont conservées, comme Brahma, Vishnou ou Shiva, les 3 principaux dieux de cette religion. On y retrouve aussi des Nagas, ce serpent à 7 têtes protecteur des eaux est parfois représenté au-dessus de bouddha, le protégeant. Et enfin, les rois importants ayant forgé un empire dont cette merveilleuse cité en fût la capitale. Voici un peu d’histoire :

A l’origine, un royaume Cham, (Sud Vietnam et Sud Cambodge), Mon-Khmere (Cambodge et basse birmanie) et enfin Siam (Thailande). Au VIème siècle, un guerrier Khmèr prend le Mékong au Chams, puis son successeur gagnera encore du terrain puis fondera une nouvelle capitale, des villes et de nouveaux sanctuaires. Le Cambodge est né ! Ensuite, vers l’an 800, un certain Jayavarman II agrandit encore le territoire avant qu’un de ses successeurs, Yasovarman, fonde une énième capitale, le premier Angkor, (qui signifie « capitale » en langue Khmère). En 1113, un prince sans scrupule, Sûryavarman II, élargit encore le territoire Khmèr, au point qu’on parle désormais d’Empire Khmèr. A l’image de cette nouvelle puissance, il fait construire le plus majestueux des édifices : Angkor Wat, un temple dédié à… Vishnou, dieu suprême hindouiste ! Et oui, jusqu’à maintenant l’hindouisme est la religion prédominante dans l’empire. En 1177, une flotte Cham remonte le Mékong, s’empare du royaume et pille même Angkor. S’il ne faudrait retenir qu’un seul nom de rois, ce serait certainement celui-ci, Jayavarman VII (J7 pour les intimes), qui libéra rapidement le pays et rebâtit la cité d’Angkor. Il convertit l’ensemble de l’Empire au Bouddhisme, et éleva de nouveaux monuments telle que la ville royale, Angkor Thom, véritable ville dans la ville, qu’il protégea par de hautes murailles et de large douve. Il se fait aussi représenter au sommet du Bayon, « la montagne magique » et dresse de nombreux autres temples comme Ta Phrom, Preah Khan ou Banteay Prei… Par la suite, la cité vivra un fort déclin et sera peu à peu délaissée, abimée par le temps, puis même pillée par les Thaïlandais en 1351.

Une histoire chargée donc (pardon pour le pavé) mais qui nous laisse une grande quantité de merveilles qu’il nous est possible de découvrir aujourd’hui ! En avant !

Paradoxalement, pour commencer notre visite du site, nous nous sommes rendus en tuk-tuk en dehors de ce dernier, à 25km au nord, au temple de Banteay Prei, souvent délaissé par les touristes. Pourtant les gravures et autres bas-reliefs visibles ici sont sans doute les plus fins de tous, à tel point qu’on dit parfois que ce travail n’était faisable que par des femmes, donnant son surnom « la citadelle des femmes ». C’est d’ailleurs ce qui a certainement intéressé un français, André Malraux, qui vola plusieurs frontons sculptés, qui n’ont finalement jamais quitté le Cambodge. (Des frontons sont visibles au musée Guimet de Paris, et au musée d’art de Phnom Penh.) Malraux plaida le « Res Nullius » (le délit est nul puisque l’objet n’appartient à personne. Pardon mais voilà ce que c’est de fréquenter une juriste…)







 

Le lendemain, il était temps de se lancer à la découverte des principaux sites. Une multitude de façon de visiter le site existe, en tour organisé, en trouvant un guide, en tuk-tuk, en scooter, en vélo… Pour notre part, ce sera vélo, en essayant de trouver un itinéraire et des heures nous permettant d’éviter les cars de touristes (chinois) se déversant devant les temples !
A 4h30 donc, nous étions devant notre loueur de vélo, averti la veille de notre passage matinal, et pourtant obligé de taper au carreau pour qu’il daigne nous ouvrir. Quatre kilomètres séparent la ville de Siem Reap, où nous logeons, du site d’Angkor ; il nous faut donc les parcourir à la lueur des lampes frontales… Juste le temps d’une mise en jambe ! Nous prenons le chemin d’Angkor Wat, le plus célèbre des temples, avec l’idée d’y voir le lever de soleil et d’en profiter avant l’arrivée d’un trop grand nombre de touristes.

Sur place bien sûr nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée-là, et les touristes orientés (ou poussés) par les guides (ou rabatteurs) s’agglutinent déjà proches des restaurants et d’un bassin d’où la vue est parait-il meilleure. Nous avons préféré nous isoler un peu plus loin avec à peine une dizaine de visiteurs, pour profiter du calme du lieu.

Un peu en avance sur le soleil, et voyant tous ces touristes restés assis en attendant les premiers rayons de soleil j’ai décidé d’en profiter pour faire un tour du propriétaire. J’ai donc traversé les galeries, traversé une cour, monté des escaliers pour finalement atteindre la base du sanctuaire dont j’ai pu faire le tour. Et le tout, sans croiser âme qui vive ! Personne, nadie, no-one ! Quel BONHEUR de se retrouver seul, absolument seul, dans un tel temple, à découvrir son architecture, son immensité et sa finesse à la lueur de ma lampe ! Impossible de ne pas penser à un rêve de gosse, celui de devenir « explorateur ».


Après 15 petites minutes à l’intérieur il est temps d’avertir Romain de cette aubaine qui en profitera lui aussi à son tour, seul, un petit moment ! Nous voilà deux déjà plus que ravis ! Et ce n’est que le début, puisque s’en est suivi, grâce à l’orientation est-ouest du temple, l’agréable spectacle du lever de soleil derrière les tours.

Débuté au XIIème siècle, juste avant Notre Dame de Paris, la construction a duré près de 37 ans avec l’aide de 300 000 ouvriers et pas moins de 6 000 éléphants. Sacré chantier donc ! La tour centrale, de forme phallique, symbolise Vishnou ; les murs d’enceinte représentent le Mont Meru, centre de l’univers pour les Hindous. Tous les murs sous les galeries, sur chacun des 4 côtés, soit quelques 800m, sont gravés sur 2m de haut. Autant de gravures et de représentations de l’histoire à déchiffrer et interpréter. A défaut de pouvoir vous les expliquer précisément, en voilà tout de même quelques-unes : des scènes du Ramayana, des représentations de Hanuman et de son armée de singes, mais aussi des dieux hindoues comme Râvana, Shiva ou Indra. Même le roi batisseur du temple, Sûryavarman II y est représenté. La plus importante est la fresque représentant « le barattage de la mer de lait », scène énormément représentée à travers tout Angkor. En deux mot : Démons et dieux hindous tirent chacun d’un côté  puis de l’autre sur le serpent Naga, autour du mont Meru, créant ainsi un nectar d’immortalité (épisode primordial de la création de l’univers), et faisant apparaître en autres des Apsaras (des nymphes). Le tout, sous les yeux de Vishnou, se préparant à devenir immortel.

 


A midi, nous nous sommes arrêtés au niveau de petites gargotes où les femmes vous invitent à venir manger chez elles en criant à plus de 50m de vous… Un vrai sketch au début… puis on s’y fait ! S’engagent alors un vrai jeu de négociation, pour savoir qui offre le plus aux tarifs le plus bas : 2 bouteilles d’eau pour 1$ ? 2$ le plat si tu m’offres une canette ? On a pris 2 assiettes chacun, tu nous offres les chips ? Bref, il est très facile de diviser les prix incroyablement hauts de la carte par 2 ou 3… On se demande encore si des touristes fortunés paient les prix du menu ?!

Pendant que nous sirotions notre soda, nous avons pu observer des macaques se balader le long de la route, toute proche. Tout en me méfiant d’eux, j’ai rangé nos affaires dans le sac juste avant que l’un d’eux ne s’approche, puis grimpe rapidement sur la table en s’emparant de la canette de Romain. Il s’est ensuite écarté de deux petits mètres pour siroter sa canette (sans la paille tout de même) en montrant les crocs à Romain dès qu’il voulut la récupérer. Une fois rassasiés, nous n’avons pas pu résister à la sieste dans un hamac (surtout moi… 1h30…), laissant filer les heures les plus chaudes de la journée.

En poursuivant notre route le long de la grande boucle nous avons croisé plusieurs temples, tous plus enchantant les uns que les autres. Rassurez-vous, je suis incapable de donner des explications sur chacun d’entre eux, bien que les dieux vénérés varient. Disons que l’architecture et le cadre change, mais les représentations divines et scènes mythiques sont (pour nous, novices) régulièrement les mêmes, avec plus ou moins de détails et de finesses.

Dans l’ordre, voici nos différents arrêts : le Preah Khan, un temple ayant été une grande ville antique et autrefois très animé, c’est aujourd’hui un immense temple en ruine, envahi par la végétation et les fromagers, ces arbres aux racines surdimensionnés qui pénètrent entre les pierres et disloquent des murs entiers. Neak Pean, un sanctuaire isolé sur une toute petite île au milieu d’un bassin, autrefois occupé par des bonzes (des moines bouddhistes) et rempli d’eau à la saison des pluies. Pre Rup, grande pyramide de briques que nous avons visitée aux dernières lueurs du soleil, juste avant de rentrer prudemment mais rapidement, de nuit.


Le jour suivant, nous avons encore une fois devancé le soleil, même si cela a été sincèrement plus difficile que la veille. Nous reprenons nos vélos et arrivons sur le site de Ta Phrom juste pour l’aube, un superbe site en ruine (bien qu’en restauration), encore bien abandonné à la jungle et aux énormes arbres fromagers (appelés ainsi car autrefois utilisés pour faire des paniers à fromages). Pour les cinéphiles, il paraitrait que le film Lara Croft avec la belle Angelina Jolie ait été en partie tourné ici. A vous de me confirmer, connais pas !

 



Notre dernier arrêt a été Angkor Thom, la célèbre cité fortifiée fondée par J7. Avant d’accueillir tous ces cars et scooters de touristes de passages, cette ville abritait au moyen-âge pas moins de 100 000 personnes. En pénétrant dans l’enceinte par une des cinq portes monumentale de plus de 20m de haut, on se retrouve rapidement face à la pièce maîtresse de cette forteresse, le Bayon. Cette « montagne magique » comme son nom l’indiquerait, est une telle prouesse architecturale qu’il est difficile de ne pas s’y perdre. Pour vous donner une idée de la taille du monument, voici quelques chiffres : Pyramide de trois étages, culminant à près de 43m, elle était composé de 54 tours (mais seules 37 ont résisté aux assauts du temps). Au sommet de chacune d’elles, sur chacun des 4 côtés, un énorme visage, soit autrefois précisément 216 visages ! Ce temple a été construit à l’époque de transition entre l’hindouisme et le bouddhisme et regroupe donc beaucoup de divinités adorées par les deux religions et donc tout l’empire Khmèr.




Le Baphuon, bien que se trouvant dans l’enceinte d’Angkor Thom, a été construit au XIème siècle et était donc là avant la ville fortifiée. Il était aussi un des plus grands monuments de l’époque. Son style particulier et ses escaliers vertigineux pour atteindre le sommet en fond un temple unique, qui plus est grâce au gigantesque Bouddha couché entrant en nirvana de 60m de long.


Toujours à l’intérieur de l’enceinte on aperçoit le palais royal, (autrefois en bois, et donc aujourd’hui poussière ! Seules les divinités avaient le droit à une construction en dur). Il y aussi deux terrasses, celle dite des éléphants et celle du roi lépreux (J7 serait mort de la lèpre), toutes deux embellies par de nombreuses gravures et sculptures.

Il est temps pour nous de partir, après ces nombreuses heures à arpenter les fameux temples d’Angkor, que nous avons plus qu’appréciés, complètement charmés par la sensation de paix et de sérénité qui règne aux premières heures du jour dans ces temples livrés à la nature.


Après un léger repos et une bonne douche, nous grimpons dans notre hôtel-bus pour y passer la nuit en couchette. Direction : Phnom Penh, la capitale.


 
  

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