Le
voyage entre Bombay et Johannesburg nous fait passer d’un monde à un autre tant les changements sont nombreux. Tout
d’abord, nous étions 4 en Inde, et nous revoilà de nouveau deux (plus pour très
longtemps… ;) Ensuite, il s’agit de la 3ème fois on nous
franchissons l’équateur au cours de cette année, et en changeant d’hémisphère,
on change de saison… On quitte donc les fortes chaleurs indiennes pour la
douceur de l’hiver africain. Les différences continues sur le plan économique et
social, la médiocre qualité de vie en Inde (des locaux) est remplacée ici par
un niveau de vie forcément beaucoup plus élevé.
Bref,
nous nous attendons à de gros changements.
Nous
y voilà, l’Afrique, notre ultime et dernière région du monde visitée durant ce
voyage.
En
débarquant comme prévu sur le sol Sud-Africain à 1h du matin (heure locale,
3h30 du mat’ heure Indienne…) nous n’avions aucune autre envie que celle de
passer le restant de la nuit à l’aéroport, avant de s’aventurer dans la ville
le lendemain. C’est à ce moment-là que nous avons réalisé le changement de
température. Nous qui passions nos nuits à transpirer sous le souffle d’un
ventilateur, nous voilà dans le hall de l’aéroport, le plus loin possible des
portes donnant sur l’extérieur, ravi d’enfiler collant, t-shirt et chaussettes
avant de nous glisser dans nos duvets. Grâce à cela, notre première nuit fût
bonne !
Levés
de bonne heure, nous nous mettons en route pour le centre-ville grâce au
Gautrain (prononcer Rrrrautrain), le métro local. A peine sortis au grand air,
un rassemblement de personne attire notre attention. On se questionne, on
observe puis on finit par nous expliquer que d’ici quelques petites minutes,
l’immeuble de 5 étages situé au bout de la rue (bloquée) va être dynamité.
Ok ! Bah, 5min et un gros BOUM plus tard, l’immeuble s’était effondré sur
lui-même dans un gros nuage de poussière. Rassurez-vous, on n’explose pas des
buildings toutes les minutes ici, c’était un coup de chance.
Désormais,
il s’agit de trouver dans cette gigantesque ville, notre auberge repérée dans
notre guide sans vraiment de cartes pouvant nous aider. En demandant notre
chemin à des taxi-mens, ils nous affirme que c’est bien trop loin pour y aller
à pied. (sous-entendu « veuillez utiliser nos services svp. ») Peu
importe, après un long vol et une nuit dans un duvet, nous avons tous les deux
envie de se dégourdir les pattes. Nous avons donc traversé plusieurs quartiers,
dont la plupart étaient résidentiels, tranquilles et assez riches. Les belles
voitures sportives croisées sur la route nous ont confirmé la chose, ici, il y
a de l’argent. Finalement, au bout de deux bonnes heures, nous sommes arrivés
dans un tout autre quartier, où tout s’anime autour de la grande avenue Jan
Smurt. C’est d’ailleurs ici que nous trouvons notre auberge, deux lits en
dortoirs pour ces prochains jours. Demain c’est parti pour la découverte !
Le
lendemain, nous avons commencé par un remarquable musée abordant une page
importante mais tragique de l’histoire de ce pays, l’apartheid. Photo, vidéos,
et témoignages illustrent parfois trop bien cette triste période et la stupidité
humaine, à commencer par l’entrée du musée : une porte pour les « white »,
une autre pour les « non-white »… Voici un (petit) bout de cette
histoire.
A la
fin du XVIIème siècle, des colons néerlandais, anglais et d’autres
européens (dont des français) débarquent sur le sol Sud-africain et tombent sur
de résistants peuples indigènes. Malgré ces nombreux affrontements, les colons
ne laissent aucune chance aux peuples africains, qui deviennent les esclaves
des colons européens, les noirs deviennent la main d’œuvre des blancs… En 1911,
de nombreuses lois racistes voient le jour. En 1948, le Parti National
Afrikaner impose l’apartheid, et le fera fonctionner de force : Séparation
physique des noirs, désurbanisation forcée, déportations de masse
classification de la population par race (natifs, les noirs ; les
asiatiques ; les malais ; les blancs ; etc…) D’atroces lois
voient le jour comme celle interdisant les mariages/relations sexuelles
interraciaux. La ségrégation
résidentielle s’étend ensuite aux lieux publics, bus, parcs,
toilettes, hôtels, etc… qui deviennent « pour noirs » ou « for non-european » tandis que d’autres sont réservés aux blancs ou européens…
En 1960, de grandes manifestations pacifiques de « désobéissance
civile » sont stoppées dans le sang par la police. Résultats : les
partis noirs anti-apartheid (dont fait parti Nelson Mandela) sont interdits et
tout sabotage de leur part sera passible de la peine de mort. Deux ans plus
tard, Mandela est arrêté pour avoir clandestinement créé une branche armée de
son parti (la méthode pacifique semblait ne pas marcher…). Il passera les 27 ans
suivants derrière des barreaux, sur l’île de Robben Island, au Cap Town.
Même
sans leur icône, le peuple africain continue de se battre pour rendre le pays
ingouvernable. Cela parfois au prix de leur vie, comme le 16 Juin 1976, à
Soweto, où le jeune Hector Pieterson, âgé de 13 ans, est abattu par la police
lors d’une révolte contre l’enseignement en afrikaans dans les écoles.
Ce
n’est tout de même qu’en 1990 que les choses changent vraiment, lorsque Nelson
Mandela est libéré et que le gouvernement se résigne à négocier avec les
organisations politiques noires. Mandela devient président de la République
Sud-Africaine en 1994 après les premières élections démocratiques et
multiraciales, mettant un terme à cette période noire…. sombre.
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