dimanche 23 novembre 2014

L’Ile de Pâques – Les Moais

Venons-en aux fameux Moais, afin de bien tout comprendre, voici un mini lexique :
L’ « Ahu » est la plateforme cérémoniale surélevée accueillant un ou plusieurs Moais. « Moai », on ne va peut-être pas vous faire un dessin. Le « pukao » est le chapeau en pierre volcanique rouge, extrait de la carrière Puna Pau, que portent certains Moais.

Ces colosses de pierre volcanique pèsent parfois plusieurs dizaines de tonnes. L’île en compte 850, mais il y en aurait certainement encore sous terre, ensevelis par le temps, portant ce nombre à près de 1000 ! Autant vous dire qu’en se baladant on en rencontre assez facilement.



Les Moais sont tous tournés vers la terre, dos à l’océan, à l’exception de 7 qui représenteraient les sept éclaireurs envoyés par un chef polynésien vaincu qui cherchait une terre d’accueil. Tous les moais sont extraits de la carrière de Ranu Raraku (où demeurent beaucoup de Moais inachevés), ils étaient ensuite déplacés sur le lieu de leur érection. Personne n’est certain des méthodes utilisées pour déplacer ces colosses : le moai couché roulait sur des troncs ou bien il était déplacé par pivotement centimètre par centimètres, ou encore il se déplaçait tout seul, au choix ! A l’époque ils avaient des yeux en coraux mais ceux-ci ont disparus avec le temps. Dans leur dos sont souvent gravés des pétroglyphes. A leur sommet se dressait le pukao, qui pouvait avoir trois formes. Il est d’usage de dire qu’il représente le chignon traditionnel polynésien. Il faut tout de même préciser qu’aucun Moai n’est resté debout, ils ont tous été renversés à un moment ou à un autre, mais lors des restaurations successives, certains ont été relevés (ouf !).  


Concernant  l’histoire, celle des premiers pascuans remonterait à l’an 800 mais il ne demeure presque aucun écrit, la pierre de Rongo Rongo n’ayant jamais été déchiffrée et la tradition étant orale. Ceci rend l’histoire et la culture mystérieuses et donc nos propos incertains.

Les Moais ont été érigés jusqu’en 1680 (période de l’apogée) mais sont aujourd’hui majoritairement couchés face contre terre ou cassés. En effet, les tensions entre tribus ont fini par donner lieu à de véritables affrontements et à la destruction de sites érigés par les tribus ennemies, amorçant le déclin de la culture Moai. Les différentes tribus Rapa Nui exprimaient leur pouvoir et leur force en taillant et en dressant les plus beaux et les plus grands moais. Côté chiffre, le plus petit mesure 1,13 m et le plus grand n’ayant jamais été dressé atteint les 9 m (!) Or, LE plus grand est en fait encore dans la carrière de Ranu Raraku à l’état d’ébauche, massivement lié à la roche. Son excavation a certainement été interrompue (comme beaucoup) lorsqu’il a été jugé intransportable en raison de son poids et sa taille… Ha la folie des grandeurs !!


Au XIXème siècle les expéditions des Européens ont mis un terme définitif à la tradition pascuane. Cela dit, l’île de Pâques conserve son identité et ses secrets que nous avons été ravis de découvrir. Nous garderons un souvenir impérissable de cette semaine passée sur l’île. 












Alors vous, vous décollez quand pour Rapa Nui ? =)







L’île de Pâques – Notre aventure


Ce n’est pas le tout hein, mais il faut la visiter cette Ile de Pâques quand même et partir à la recherche et rencontre de ces fameux Moais !! Le lendemain de notre arrivée, nous avons décidé de commencer par visiter l’île à pied, enfin une partie seulement. En effet, l’ile parait petite (173 km²), mais en fait pas tant que ça, les kilomètres s’enchainent et finissent par se sentir dans les jambes. Nous nous sommes d’abord rendus au Village d’Orongo où il y a un cratère rempli d’eau (Rano Kau) et également un ancien village. Pourquoi un ancien village ? Parce que c’était le lieu de la cérémonie de l’homme-oiseau. Tous les ans, chaque tribu désignait un homme (Hopu Manu), qui devait aller récupérer à la nage sur un îlot à deux kilomètres, l’œuf d’un oiseau qui vient pondre à cette période. Il fallait déjà trouver l’œuf donc parfois attendre quelques jours sur l’îlot, puis le ramener à la nage sans le casser et enfin escalader la falaise de plus de 300m. Le vainqueur devenait l’Homme Oiseau (Tangata Manu) pour un an et se voyait offrir la construction d’une maison. Sur ce site se trouvent également de nombreux pétroglyphes (gravures).

Ensuite pour ne pas marcher sur la route, nous avons coupé à travers champ et forêt et sommes allés voir nos premiers moais, jusqu’à Hanga Te’e. Nous sommes rentrés en toute fin de journée, contents mais les jambes lourdes. C’est à ce moment-là que nous avons réalisé que marcher pendant 5 jours avec nos sacs de 18 et 28 kgs, ça aurait été mission quasi-impossible, nous aurait fatigué plus qu’autre chose et nous aurait empêché d’en profiter pleinement.

Les deux jours suivants, nous avons loué des VTT pour pouvoir aller plus loin. Nous avons beaucoup pédalé, le premier jour sur la route et le second sur une piste non goudronnée. Le vélo est un super moyen de découvrir l’île, même s’il y a du vent en bord d’océan et même s’il faut s’accrocher pour la route retour en fin de journée. C’est presque à bout de force qu’on arrive en haut de la côte située au nord de l’île. Nous avons été sur le point d’arrêter un pick up pour nous ramener, mais une petite pause a suffi pour me remettre en selle et rentrer au village !!


Le jour d’après nous nous sommes reposés (boooouh les flémards !) en se baladant tranquillement et visitant le seul et unique village de l’île : Hanga Roa. C’est ici que se concentre la majorité de la population ainsi que toutes les commodités : hôtels, superettes, pharmacie, marchés, hôpital, aéroport… Nous avons été surpris de voir que l’île est parfaitement équipée et ne manque de rien, nous nous attendions peut être à quelques chose de plus sommaire. Le reste de l’île est dépourvu de toute installation.

Ensuite, nous avons pris le modèle encore au-dessus, après nos jambes et le vélo, nous avons loué un quad ! Grande première (ou presque) pour tous les deux. Grâce à lui, en une journée nous pouvions finir de voir ce qui nous manquait, retourner à nos endroits favoris, etc. Bref, là encore un super moyen de découvrir l’île. Le quad était un peu capricieux et nous a littéralement ridiculisés auprès de l’agence de location… Pardon d’avance pour tous les motards puisque apparemment quad et moto se ressemblent sur ce point. Nous ignorions totalement l’existence d’un petit bouton, appelé « réserve », sous-entendu d’essence… Au beau milieu de l’île, nous sommes tombés en panne, le quad était très capricieux au démarrage, roulait de moins en moins longtemps avant de caler… Nous avons bien pensé à une panne d’essence (déjà ?) mais pourtant nous pouvions voir le niveau d’essence qui semblait bien suffisant ! Un 4x4 s’est arrêté et m’a emmené jusqu’au village pour que l’agence nous dépanne. D’ailleurs merci à Caroline, Marie et Cyril qui se sont arrêtés et qui ont été nos compagnons de voyage pendant quelques jours sur le continent ! A l’agence, le type me demande si nous avons tourné le bouton de la réserve… Mais quelle réserve ? Bref, je sentais la honte arriver… Nous retrouvons Micka assis sur le quad, nous attendant, presque désespérément. Vous devinez la suite, le type a tourné le bouton de la réserve et la machine est repartie comme en 40… On se sent tellement idiot dans ces moments-là, mais pas suffisamment pour payer le gars de l’agence qui nous demandait de payer son essence pour venir jusqu’ici (max 10 min de voiture…), et puis quoi encore ?



Pour se remettre de cette aventure, mais surtout pour clôturer le moment exceptionnel du lever de soleil sur l’ahu Tongariki où se dressent les fameux 15 Moais, nous nous sommes offerts un petit dej pain chaud/nutella face à l’océan. #Troplebonheur !!



Puisque nous nous étions revendiqués randonneur auprès de l’administrateur du parc, nous avons décidé de faire l’ascension du point culminant de l’île qui s’élève à 511m (le Cotopaxi n’a qu’à bien se tenir !!). Cela nous a permis d’avoir une vue à 360 degrés des contours de l’île mais aussi de l’océan, sans aucune rive à l’horizon. On se rend bien compte que nous ne sommes rien au milieu d’une telle étendue d’eau…


Cette semaine ayant été remplie de bonnes surprises, il a bien fallu équilibrer la balance et avoir notre lot de galères (sinon ce n’est pas drôle, quoiqu’on s’en serait bien passé tout de même!). A  se demander si, au début, les Moais voulaient bien de nous… Micka a d’abord commencé par se faire capturer ou manger une chaussette par l’un des chiens de « chez nous » : admettons ! Il a ensuite perdu les jumelles sur un des sites de l’île, là c’est plus embêtant, le boulet ! Un matin, sans raison apparente, c’est un piquet de tente qui s’est rompu, tient là, ça commence à faire beaucoup ! Micka (encore ?!) fini par arracher un crochet d’une de ses chaussures de marche ; fais ch*#% ! Nous finirons tranquillement notre séjour en oubliant le chargeur de l’appareil photo sur le muret du jardin en guise d’offrande à l’île ; à ce moment-là on est bon pour l’asile ! (Devinez dans quel sac se range habituellement le chargeur ????...)

Et si on parlait des Moais maintenant ?

L’île de Pâques – Les Pascuans

Il a fallu une seule sonnerie de réveil pour nous mettre sur pieds, 15 minutes après nous étions devant les grilles du métro en attendant qu’elles ouvrent à 5h45. Chose étonnante, si les grilles ouvrent à 5h45, la vente des tickets ouvre elle à 6h… Alors avec mon plus grand sourire je vais voir la dame et lui dit qu’on est très pressé et qu’on a un avion. Elle a fait sa bornée et 6h c’est 6h, elle ne pouvait pas nous vendre des tickets. N’ayant pas des heures et des heures d’avance, Micka décide de nous faire passer par le passage handicapé et nous grimpons dans le métro. Tandis qu’il n’était pas plus inquiet que cela, j’attendais le moment où les agents nous tomberaient dessus à la prochaine station, un peu comme la RATP à Paris… Quelques stations après nous descendons sans avoir été inquiétés de notre comportement mal autrui et risqué quand on a un avion quelques heures après… Ouf !

Comme c’est un vol national, les choses sont plus rapides puisqu’il n’y a pas de douane à proprement parlé. Bagages scotchés (afin d’éviter les mauvaises surprises sur le sac à dos à notre arrivée), enregistrés, rayons X passés, nous embarquons dans notre avion. Le trajet dure tout de même 5 ou 6h, l’île se trouve à près de 4000 kms des côtes chiliennes.


Enfin nous apercevons, à travers le hublot, de la terre, celle de Rapa Nui, fini le bleu infini de l’océan ! La grande majorité des touristes a été accueillie par leurs hôtels avec des colliers de fleurs, bienvenue en Polynésie !! En effet, L’Ile de Pâques se trouve également à 4000 kms de Tahiti et on se sent d’avantage en Polynésie qu’au Chili. N’ayant aucune réservation, nous n’avons pas eu notre collier de fleurs mais tant pis nous partons à pied rejoindre le « centre ville ». On se pose tranquille, on se familiarise avec les lieux puis nous nous dirigeons vers l’un des seuls campings de l’île pour y passer la première nuit.


Initialement notre projet était de faire le tour de l’ile à pied pendant 5 jours en bivouac, tout en sachant que le camping sauvage est interdit pour les touristes, mais autorisé pour les locaux… On pensait esquiver les gardes et les lieux surveillés pour planter la tente. Mais la proprio du camping nous rappelle bien que c’est interdit, mais qu’il est possible d’aller discuter avec l’administrateur du parc afin d’obtenir une autorisation. C’est confiant que nous partons causer à l’administrateur du parc national. Nous avions préparé nos arguments : nous sommes des randonneurs (hum hum), nous en avons l’habitude, nous ne toucherons pas les moais, nous ramasserons nos déchets, nous assumons toutes les responsabilités… Une fois tout ceci exposé (utile ou inutile), l’administrateur nous a refusé l’autorisation… Zut !!

C’était un mal pour un bien puisque Carlos, travaillant au parc national, nous propose extrêmement gentiment et en français, de nous installer dans son jardin pour 2 ou 3 nuits. Une sacrée aubaine pour nous ! Nous abandonnons notre projet de faire le tour à pied, nous rayonnerons de chez Carlos !!
Carlos, mais aussi Nua (son ex-femme, déjà afférée aux préparatifs de la grande fête de Tapati de février), son fils et Nala (la chienne), nous ont très bien accueilli en nous offrant l’accès à la cuisine et à la salle de bain. Nous avons essayé d’être les plus discrets possibles tout en profitant de leur connaissance et expérience en tant qu’habitants de l’île. Au milieu de la semaine, nous avons demandé si nous pouvions rester 3 nuits de plus et c’est sans hésitation que Carlos a accepté ! Leur maison était dans un quartier résidentiel, à une vingtaine de minutes à pied du « centre-ville ». C’était donc agréable d’être un peu éloigné, loin des autres touristes. Outre l’intérêt humain de l’expérience, l’intérêt financier n’est pas à négliger non plus, puisque les hôtels sont assez chers sur l’île et qu’une nuit coute minimum 30$ par personne.


Non loin de chez Carlos se trouve un parc avec des jeux pour enfants mais surtout une table de pic-nic,  qui nous a servi de restaurant tous les soirs. Nous allions diner face au coucher de soleil sur l’océan, à la lueur du réchaud :D Un vrai bonheur !



Carlos et sa famille n’ont pas été les seuls à avoir été si gentils, nous avons fait d’autres belles rencontres. Alors que nous rentrions « chez nous » en fin de journée, nous passons à côté d’une fête qui battait son plein depuis 13h. Après un joyeux « Hola ! », nous avons été invités à se joindre aux fêtards ! C’était l’anniversaire de Luiz, 70 ans, lunettes de soleil vissées sur les yeux, bière à la main, bref, ravi de fêter ça avec tous ses proches. Une énorme assiette de crudités, de poisson et de viande nous a été servie, le tout arrosé d’un bon vin rouge. Nous avons même eu droit aux bougies et à la part de gâteau ! Ce moment aussi agréable qu’inattendu nous a donné l’occasion de rencontrer Erwan, un breton marié à Andrea, une pascuane. Nous avons longuement discuté, heureux de pouvoir en apprendre encore plus sur la vie locale. Dans la soirée, nous repartons, réjouis de tant de gentillesse et de partage, avec une invitation à diner chez Erwan et Andrea pour le lendemain soir.



Le lendemain, nous nous sommes rendus chez eux, sur le terrain familial où habitent 3 générations dans 4 ou 5 maisons différentes. Nous avons passé une excellente soirée autour d’un plat chilien cuisiné au Disco (grand plat rond creusé à mettre directement sur les buches du barbecue !), autour d’un pisco, d’un ricard pour Micka (si si !) et de très bonnes crêpes (of course !). Erwan et Andrea, si vous passez par-là, encore merci pour tout.

Bienvenidos a Rapa Nui !!



vendredi 21 novembre 2014

La Serena – Vicuña – Santiago

Après la lune, les étoiles… En effet, nous voilà maintenant dans la 4ème région, celle de La Serena, autant connue pour son eau-de-vie, le Pisco (dont les Péruviens revendiquent aussi la paternité…) que pour son ciel pur et parsemé d’étoiles. Voilà l’occasion rêvé d’observer ces astres de plus près… sauf que notre amie la lune ne nous a pas quittée et éclaire le ciel de toute sa rondeur. Pas évident donc de faire connaissance avec ce « nouveau » ciel (les majorités des constellations visibles ici sont invisibles en France, dans l’hémisphère Nord, et vice-versa) avec une pleine lune qui ne demande qu’à être regardée. Bref, nous choisirons tout de même de tenter l’expérience d’un petit observatoire à Vicuña. Et nous avons bien eu raison, car nous avons passés 2h avec un guide personnel et son petit télescope, nous permettant d’apprécier la beauté du ciel, et surtout celle de la lune. Cerise sur le gâteau, nous avons le droit à des amuses bouches, à du vin chilien, et au Pisco Sour (un cocktail réputé à base de l’eau de vie) que nous ne connaissons pas. Miam !!



A 8h de route se trouve Santiago de Chili, la capitale, qui regroupe un tiers de la population nationale. Arrivés à la station centrale, nous prenons notre premier métro du voyage pour nous rendre à l’hostel que nous visions (Aji Hostel). Il était 20h passées, les chances de trouver de la place se réduisent mais nous tentons le coup. Nous avons tellement bien fait puisque l’hotel était super, mais surtout c’était le soir du barbecue !! On nous promet de nous nourrir jusqu’à plus faim, et une bonne pièce de viande nous redonnera les forces laissées dans le désert … C’était un vrai délice, le tout accompagné de vin et de rhum offert par le patron. C’est donc repu que nous nous endormons en attendant la visite de la ville les prochains jours.

Nous avons beaucoup marché à Santiago à travers la ville (Cerro Lucia) et avons visité le Musée de la Mémoire et des Droits de l’Homme. Ce musée est au sujet du coup d’Etat militaire de 1973, orchestré notamment par Pinochet, qui a pris le contrôle du pouvoir et a instauré un régime dictatorial. Ce musée est passionnant et avec un audioguide il ne faut pas moins de trois heures pour tout visiter.





Notre deuxième jour à Santiago a été consacré à la préparation de la semaine à venir à l’ile de Pâques. Il ne faut rien oublier, tout vérifier, une fois sur l’ile il sera trop tard ! Sur l’ile, compte tenu de sa situation géographique, tous les produits sont importés du continent, ce qui rend leur prix excessivement élevé… Nous avons donc décidé de faire toutes nos courses à Santiago afin d’être autonomes pendant une semaine. Forcément le régime alimentaire n’a pas été des plus équilibrés : pates, riz, nouilles, sauce tomate et thon, muesli le matin pour nous donner de l’énergie, sans oublier nos 4 pommes, histoire de… 


C’est tout excités que nous nous couchons pour quelques heures seulement, demain c’est levé 5h pour s’envoler encore plus loin…

LE CHILI – San Pedro de Atacama

Emmenés par notre guide nous disons au revoir aux argentins et nous descendons du 4x4 à une petite maison, La Migration. Donc la frontière c’est cette petite maison avec un seul préposé. C’est la frontière la plus « ?? » que nous ayons traversée (mettez le mot qui vous conviendra…). Juste une maison, un ou deux plots au milieu du désert et c’est tout. Précisons aussi qu’il n’y a aucun moyen de communication (radio, téléphonique, internet) à cet endroit. Bref, une frontière au milieu de nulle part !

Et là, les évènements ont pris une tournure inattendue. Nous avions un ticket de bus, acheté auprès de l’agence, qui devait nous sortir du désert pour nous amener à San Pedro de Atacama, au Chili. Mais on nous informe qu’il n’y a plus de bus, que c’est trop tard, qu’il n’y a pas de voiture non plus. Nous voilà donc coincés à une frontière isolée du monde, avec son gardien ne voulant pas faire plus que son boulot (c’est-à-dire RIEN, au milieu de ce désert) et notre cher et tendre « guide » qui pense trouver la solution en levant les yeux au ciel et en soupirant… On commence à se tendre doucement… Notre chauffeur ne peut pas, avec le 4x4, passer au Chili pour nous y emmener. Bon voyons, que reste-t-il comme solution ? Omar bien sur ! Il était resté avec son 4x4 et les autres membres du groupe et avait donné la responsabilité à notre chauffeur de nous conduire au bus … il a échoué dans sa mission et « sabe nada » !! Nous rejoignons Omar dont la mine s’est déconfite en voyant revenir notre 4x4 plein… Nous discutons, et décide lui-même d’aller à la frontière. Mais là O miracle, un pick-up, sorti de nulle part, nous propose de nous emmener à San Pedro, moyennant rémunération évidemment …


On insiste, on râle, mais si nous ne prenons pas la voiture, c’est retour à Uyuni (8h de voiture et à l’opposé de notre destination). Nous avons fini par céder avec l’espoir de négocier le prix avec les chauffeurs (un couple âgé …). Un peu méfiants, dans la voiture nous tentons de poser des questions et comprenons vite que c’est leur business de récupérer les touristes perdus dans le désert… C’est donc dans les règles de l’art que la mamie nous donne les formulaires de douane et le papier de la migration (qui se trouve concrètement à San Pedro). Nous passons effectivement la douane, tampon sur le passeport et sacs passés aux rayons X, direction le centre-ville, toujours en taxi privé, avec Mamie qui fait une pause pour acheter son poulet… Nos négociations ont été vaines mais nous sommes contents d’être enfin au Chili !!

Nous voilà désormais à San Pedro de Atacama, Oasis au milieu du désert du même nom, peuplé d’innombrable gringo comme nous. De ce fait, la ville regorge d’hostels, de restos, de loueurs de vélos, de tours opérators permettant de découvrir les alentours. Et oui, vous l’aurez compris,  le principal attrait ici est le désert d’Atacama. Or ce dernier renferme quelques curiosités visibles aussi dans le Sud-Lipez, en Bolivie, que nous venons de traverser… Nous ne passerons donc pas trop de temps ici !

Le jour de notre arrivée nous avons profité de la terrasse d’un café tout l’après-midi pour nous remettre de nos péripéties matinales. Après notre première nuit chilienne, nous avons décidés de nous rendre en vélo à la Vallée de la Luna, pour observer ses paysages… lunaires (Non !? Jure ?). Bref, nous voilà partis à 8h15 sur nos montures, et déjà sous un soleil de plomb, il faudra être prudent ! La vallée débute à 5km de la ville et s’étend sur une douzaine de kilomètre de long, mais seuls les premiers sont intéressants en vélo. Nous atteignons donc l’entrée de la vallée (payante bien entendu !) sans aucun problème et la passons sans payer (pour le moment). Leur guichet ouvrant à 9h30, il aurait fallu attendre patiemment que le soleil soit en mode grill pour commencer notre journée… Que néni, nous paierons au retour… ou pas.



Malgré nos efforts durant le voyage, pour choisir de la nourriture saine et pour se protéger de notre ami le soleil, ce dernier a fini par avoir raison de nous, du moins de Micka d’abord… En effet, lors d’une pause, ses forces l’on littéralement lâchées. Pas franchement rassurant au milieu du désert. Mais en insistant tout de même un peu nous sommes arrivés à notre but, la Duna Mayor, une énorme dune de sable au milieu de ce paysage lunaire. Nous rentrerons finalement nous reposer toute l’après-midi à l’auberge en attendant notre bus pour la prochaine destination, la Serena.

dimanche 9 novembre 2014

Uyuni – Le Salar et le Sud Lipez


Uyuni est l’une des portes d’entrée pour se rendre dans le Salar et dans le Sud-Lipez. Compte tenu de l’étendue de ces zones, les services d’un guide et d’un 4x4 sont absolument nécessaires. Alors évidemment les agences se bousculent pour vendre leur tour. Mais de toute façon les prix sont quasiment alignés et les programmes des tours identiques. D’autant plus que les agences regroupent les touristes en fonction des places disponibles dans les véhicules. C’est finalement donc au petit bonheur la chance. Après avoir consulté plusieurs agences et avoir hésité, nous bookons un tour de 3 jours et 2 nuits avec l’agence Tito Tours, qui nous semblait bien fiable … Nos quelques péripéties, sans gravité, nous donneront tort mais nous laisseront de drôles de souvenirs !


Le départ s’est effectué bien en retard, à l’heure bolivienne disons … Mais surtout notre 4x4 n’était pas là. Finalement, nous avons été casés dans une voiture où une famille argentine avait pris place. La communication allait être difficile mais ça nous ferait pratiquer ! Notre chauffeur-guide a pris place lui aussi. Il n’était en réalité, ni guide, ni même chauffeur ! Il ne parlait pas, ne nous donnait aucune information et semblait novice dans la conduite d’un 4x4. Nous formions un duo avec un autre véhicule dont le chauffeur, Omar, était compétent et expérimenté. Heureusement qu’il était là pour nous donner les explications nécessaires et pour faire face aux problèmes techniques … ! Le deuxième jour, au milieu du désert, nous avons rencontré un problème de frein, celui-ci bloquait la roue. Omar a enfilé sa combinaison et s’est mis à démonter la roue, puis a décidé d’enlever le frein mais pas complètement. Il l’a tout simplement attaché au châssis avec du fil de fer… Un autre guide-chauffeur qui passait par là est intervenu et ils ont décidé de l’enlever complètement. Un seul frein suffira-t-il ? Et bien oui !

Notre chauffeur nous a tout de même permis de bien rire. Son état de lassitude, sa fatigue permanente et son désintérêt pour son travail étaient risibles.

Nous avons débuté par la visite d’un cimetière des trains. Visite originale puisque d’anciens trains, servant autrefois au transport des minerais, sont là, perdus en plein désert et sont rongés par le temps et par la rouille. Ensuite, nous avons entamé la traversée du fameux désert de sel. Perché à 3650 mètres d’altitude, ce désert d’une superficie de plus de 10 000km² est formé d’une couche de sel qui peut atteindre entre 10 et 15m, sous laquelle se trouve de l’eau. En réalité, il y avait à cet endroit l’océan, qui avec les milliers d’années, s’est évaporé, ne laissant qu’une épaisse croute de sel. A certains endroits, la croute de sel n’est que d’une quarantaine de centimètres, ce qui nous a permis de voir l’eau sous le sel. Lors de la saison des pluies, il est possible que certaines zones ne soient pas praticables puisque l’eau monte trop haut et immerge la couche de sel.

Seul le sel sur les bords du salar est exploité à l’aide de moyens assez rudimentaires. Le sel est utilisé pour l’industrie alimentaire bien sûr, mais également pour les constructions. Ailleurs, la couche de sel est trop épaisse et son  traitement nécessiterait de performants outils.






Le sel ressemble à de la neige, voire de la glace. Une immense étendue de blanc éblouit l’œil du visiteur et reflète les rayons du soleil. Un tel décor permet de s'amuser avec les photos =)




Perdu au milieu du salar, se dresse un hotel de sel – faisant désormais office de musée – ainsi qu’une grande sculpture, de sel évidemment, symbolisant le passage du Dakar 2014.




Nous avons fait une seconde pause sur l’Ile de Incahuasi qui constitue l’un des seuls reliefs de ce salar et où se dressent de gigantesques cactus. Elle nous a permis d’avoir une vue un peu en hauteur du désert, c’était incroyable. 


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Pour finir la première journée, nous avons dormi dans un hôtel de sel, juste à la sortie du Salar ! Tout de sel construit ! Les tables, les tabourets, les lits, les murs, etc. Nous avons tous les deux bien dormi dans cet environnement particulier. 




Le lendemain, nous avons beaucoup roulé, plutôt à travers le Sud Lipez, qui n’est pas un désert de sel, mais un désert « normal », de sable et de roches creusées par le vent et l’eau. Après une pause à l’arbre de pierre, nous avons vu de magnifiques lagunes, notamment la Laguna Colorada, très rouge en raison de sa composition. C’était splendide. Dans ces lagunes nous avons vu des centaines et des centaines de flamants roses. Les observer de près à la jumelle était superbe !



Le soir, nous avons dormi dans une auberge plus rudimentaire, mais la bonne ambiance était là et réchauffait l’atmosphère. Il faisait quand même beaucoup moins froid qu’en juillet/aout où les températures peuvent descendre à - 10° ! La famille argentine avec qui nous arrivions à bien discuter nous ont fait découvrir le maté qui se boit avec une paille de métal « bombilla ». Leurs réserves en biscuits et chocolat semblaient inépuisables, un vrai régal, gracias !

C’est à l’aube, vers 4h30, que nous nous sommes réveillés le dernier jour pour aller voir des geysers. Le spectacle était fou ! Plus on y va tôt le matin, plus la différence entre la température extérieure et celle sous-terraine est forte, donc plus le geyser est fort. Ca bouillonnait, faisait gicler de la boue au milieu de la toute la vapeur qui s’échappait avec une pression parfois très forte ! Une vraie cocotte-minute ! Le tout dégageait une forte odeur d’œuf pourri (de souffre ?).


Nous avons repris la route pour arriver à la dernière lagune, la lagune blanche où se reflète le relief. Elle se situe à cinq minutes de la frontière. Un bus doit nous y attendre pour nous amener à une cinquantaine de kilomètres, à San Pedro de Atacama. La Bolivie c’est bientôt fini pour nous !!


NB : La sélection des photos a été difficile, on en mettra plus dans le diaporama prochainement =)

dimanche 2 novembre 2014

Potosi

Après la visite de la mine, nous avons visité la Maison de la Monnaie, immense bâtiment qui servait à frapper la monnaie jusqu’au milieu du XXème siècle. Située à Potosi grâce à la mine, riche en argent, elle contient encore les machines utilisées. Les 11 fonderies, les trois énormes laminoirs (activés chacun par 4 mules) pour affiner les lingots, et enfin les nombreuses machines permettant d’estampiller la monnaie. Avec le temps, ces machines ont été remplacées par des machines à vapeur puis à moteur, encore visibles aujourd’hui



Les collections de pièces nous ont permis de voir l’évolution de celles-ci : au début seul le poids d’argent utilisé à la fabrication donnait la valeur aux pièces, elles étaient grossièrement découpées au ciseau avant d’être estampillées avec leur valeur. Leur forme imparfaite incitait certains à les raboter afin de récolter un peu de matériau permettant de gagner de l’argent sans changer la valeur de la pièce. C’est la raison pour laquelle, elles sont ensuite découpées de manière très circulaire et bordée d’un cercle afin que personne ne puisse les raboter. Haha futé !

A la sortie du musée, nous avons assisté à une scène populaire, sans bien comprendre au début. Un long cortège de personnes, de deux ambulances et d’une fanfare déambulait autour de la place principale. Une immense foule était rassemblée et semblait émue, beaucoup pleuraient, d’autres agitaient un foulard blanc… S’il était évident qu’il s’agissait d’un cortège funéraire, nous ne savions pas de qui il s’agissait pour rassembler une telle foule et susciter autant d’émotion… Renseignements pris, il s’agissait de l’arrivée des huit cercueils des jeunes de tout juste 18 ans d’une école de Potosi, décédés lors d’une sortie scolaire à Cochabamba la veille … Nous restions, nous aussi, sans voix devant cette scène.


Dès le lendemain matin, nous avons pris un bus pour Uyuni, au sud de la Bolivie. Au menu, 5h de route !

La mine de Potosi

Potosi est la ville de plus de 100 000 habitants la plus haute du monde avec ses 4090 mètres d’altitude.

Arrivés en fin de journée, nous avions pour objectif de booker notre visite de la mine de Potosi le lendemain. Si le Routard invite à s’interroger sur la visite de la mine, où des personnes y travaillent et y meurent, nous avions envie de se confronter à cette réalité, en tentant de rester les plus discrets possible. Ayant fait plusieurs agences, nous décidons de partir avec Big Real qui est une agence d’anciens mineurs, nous aurons donc un retour d’expérience sincère et peut être plus vivant qu’avec un guide professionnel. Effectivement Wilson, notre guide, a travaillé 21 ans dans la mine.

La mine est creusée au cœur du Cerro Rico (montagne riche) qui est la montagne qui domine Potosi. Elle est exploitée depuis le XVIème siècle et l’arrivée des Espagnols, grâce aux informations fournies par Huallpa qui aurait découvert la mine suite à la disparition de ses lamas. En les cherchant, il aurait passé la nuit dans la montagne et en faisant du feu pour s’éclairer, aurait fait briller tous les minéraux. On dit aussi qu’elle aurait été d’abord découverte par un Chef Inca mais Pachamama lui aurait envoyé le message selon lequel son exploitation n’est pas faite pour les Incas. Sous la domination espagnole, les indigènes ont été exploités dans cette mine.

Cette énorme montagne est une mine de minéraux, surtout d’argent, de plomb et de zinc, mais pas uniquement. Elle a fait la fortune de Potosi et a dégagé de profits colossaux, dont beaucoup ont été gaspillés par les Espagnols tandis que la France en a bénéficié. Exploitée donc depuis plus de 400 ans, elle l’est toujours aujourd’hui, avec plus de 10 000 personnes qui y travaillent. Cela dit, Potosi a perdu de sa grandeur et les recettes sont aujourd’hui moindres.


La mine de Potosi est aujourd’hui pour partie privée, pour le reste, divisée en coopératives de mineurs.

Départ à 8h45 pour la visite, nous faisons d’abord un arrêt au Marché des Mineurs. C’est l’endroit où les mineurs s’achètent leur propre matériel (dynamite, masque, pioche, etc.), mais aussi de quoi supporter le travail comme des boissons, des cigarettes, des feuilles de coca par exemple. En effet, les feuilles de coca sont consommées par tous les mineurs ou presque. Si elles ne rendent pas plus fort, elles permettent de mieux supporter le travail. Sous la domination espagnole, les feuilles de coca ont été d’abord interdites, mais se rendant compte des vertus sur leurs esclaves, les conquistadores les ont autorisées de nouveau, tout en en gérant le business. Les indigènes n’avaient ni nourriture ni eau et travaillaient 48h de suite, la seule solution pour tenir ce rythme était donc de mâcher sans cesse des feuilles de coca. « Ainsi les esclaves achetaient à leurs maitres la drogue leur permettant de supporter l’esclavage. »

Sur ce marché, il est proposé aux « visiteurs » (c’est mieux que touristes...) d’acheter des choses sur le marché et de les offrir aux mineurs croisés dans la mine.

La seconde étape de la visite est la raffinerie. C’est l’endroit où toute la roche est apportée. Elle est broyée avec de l’eau grâce à d’énormes cylindres puis elle est mélangée à des solvants afin de faire remonter les minéraux. Ensuite, ceux-ci sont séchés au soleil afin d’obtenir une poudre. Dans cette poudre, les minéraux sont mélangés, mais dans la raffinerie visitée, on ne s’occupe pas de les séparer, ils sont vendus en l’état. Nous avons compris que le reste de roche est rejeté dans la nature, sur la colline voisine, certainement avec les solvants utilisés… Par ailleurs, la montagne elle-même est particulièrement sale, beaucoup de déchets jonchent ses flancs. Même l’intérieur de la mine est sale, ce que portent les mineurs est suffisamment lourd pour ne pas s’encombrer de déchets supplémentaires… les bouteilles en plastique restent donc dans ce labyrinthe de galeries.

Enfin, nous pénétrons dans la mine par l’une des entrées (il y en a plus de mille). J’ai oublié de vous dire qu’avant d’entrer dans la mine, nous nous sommes équipés ! D’épaisses bottes en caoutchouc, un pantalon et une chemise de protection nous ont été remis, mais surtout un masque et un casque avec une lampe frontale. De vrais petits mineurs … Nous avons marché en tout 2h dans la mine, d’abord le long de rails sur lesquels sont poussés les chariots pleins de roche, puis sur le sol brut. En effet, dans la mine il y a trois moyens de transport : le dos, la brouette et les wagons.

















Les mineurs creusent soit à la pioche (comme à l’époque coloniale), soit à la dynamite, soit au marteau piqueur. Ensuite, soit ils chargent directement la roche dans des chariots, soit ils remplissent d’abord des sacs en plastique très épais, qu’ils avancent vers la sortie à la brouette, puis qu’ils chargent sur les chariots. Si en descente le contrôle du chariot nécessite de la maitrise, en montée, il ne faut pas moins de 4 hommes pour pousser et tirer le chariot …


Nous avons pu assister à l’ensemble de ces étapes : le port des roches à dos d’homme, la pousse d’un chariot d’une tonne, le contrôle du chariot en descente (et là je vous assure qu’il faut se faire mince le long de la paroi), le transport à la brouette, le chargement des sacs sur le wagon, l’utilisation du marteau piqueur, mais aussi l’utilisation de la dynamite… Nous entendions le bruit des déflagrations et sentions leur souffle… stupéfiant …


Les mineurs que nous avons vu (et tous les autres) fournissent de tels efforts physiques … La chaleur, la fatigue et la souffrance se lisaient sur leur visage. L’un des mineurs était dans la mine depuis 3h du matin, il était 11h, il semblait juste à bout de force, mais continuait de charger son dernier wagon, qu’il faudrait remonter après … On se demande peut être pourquoi des hommes et des enfants (le plus jeune a 11 ans, pourtant officiellement il est interdit de travailler dans la mine en dessous de 18 ans) continuent de faire ce travail de forçat. Tout simplement parce que cela peut rapporter beaucoup, près de 3000 bolivianos par mois, soit plus du double du salaire moyen.

A cela il faut rajouter les galeries qui ne sont pas toujours très hautes, les échelles à la verticale, il faut progresser penché à la lumière de sa frontale, dans la boue ou les poussières. Bref, nous avons apprécié « être » des mineurs le temps de quelques heures, mais la réalité est vraiment difficile pour tous ces travailleurs.