Tout
juste arrivés à la gare, nous montons à bord d’un tuk-tuk afin de rejoindre
l’hotel que nous avions choisi. Les hôtels sont légions et leurs noms se
ressemblent, il faut donc s’assurer que le conducteur a bien compris. C’est ce
que nous croyions avoir fait … Et pourtant le tuk-tuk man ne nous a pas
vraiment déposé là où on le voulait, il voulait absolument qu’on aille voir un
autre endroit. On refuse en prétextant une réservation déjà effectuée
Le Gange est le plus sacré des fleuves de l’Inde, il est bordé à Varanasi, de grands palais qui ont les pieds dans l’eau lors de la mousson. Mais lors de la saison sèche (comme maintenant), de très nombreuses marches se dévoilent et descendent jusque dans le fleuve. Ces marches sont appelées Ghât. Ils sont très nombreux et permettent de se repérer assez facilement. C’est le long de ces Ghâts que chaque matin, des milliers de personnes viennent faire leurs ablutions dans le Gange dès le lever du soleil, c’est-à-dire un peu avant 5h du matin. Les ablutions forment un rituel parfaitement orchestré et maitrisé. Une fois réalisées, chacun s’affaire à différentes taches, comme la toilette, la lessive ou encore la vaisselle. C’est assez impressionnant !
Il
est très agréable de se promener au pied de ces palais et sur ces marches mais
un tour en barque permet de mieux les observer. C’est ce que nous avons fait,
une heure de barque à rame sur le Gange pour avoir un autre aperçu des palais,
des Ghâts et de l’agitation qui les animent dès 5h du matin.
En
effet les bords du Gange sont un lieu de vie palpitant pour les indiens à tous
les moments de la journée, le matin avec les ablutions mais aussi le soir pour
une cérémonie quotidienne qui rend hommage au fleuve sur le Ghât principal, Dasashwamedh
Ghât : la Cérémonie du Puja. Plusieurs centaines de personnes assistent
chaque jour à cette cérémonie, orchestrée par 7 brahmanes. Ils effectuent une
chorégraphie avec différentes offrandes, de l’encens, des grands chandeliers,
des plumes de paon, etc. Ils rendent hommage au Gange. Des journalistes m’ont
d’ailleurs interviewée pour savoir ce que je pensais du Gange … hum hum !
Varanasi
est aussi la ville où beaucoup de gens veulent venir mourir. En effet, selon la
croyance indoue, mourir à Varanasi permettrait d’atteindre l’équivalent du
nirvana, en mettant un termes au cycle des réincarnations. La ville est
d’ailleurs particulièrement connue pour ses crémations effectuées juste au bord
du fleuve, principalement sur Manikarnika Ghât. A l’approche du lieu des crémations,
nous nous asseyons, un peu en retrait pour observer la scène qui se déroulait
devant nos yeux.
Des
personnes nettoyaient le sol chargé de cendres, d’autres déchargeaient à mains
nues des bateaux remplis de bois, d’autres encore rangeaient le bois … Nous
avons eu la chance de rencontrer un indien qui vit sur place et nous a fait la
visite du lieu en nous donnant une montagne d’informations sur le processus de
crémation. Dès lors que quelqu’un meurt, il est immédiatement préparé, puis
enveloppé dans un drap blanc et recouvert de fleurs et de bandes de tissu,
souvent brillant. Il est fixé à une civière en bambou et descendu sur les bords
du Gange.
Ensuite,
le plus vieux de ses fils se fait raser complètement la tête en laissant une
pette touffe en haut du crâne et réalise des ablutions dans le Gange. Il se
vêtit alors d’un vêtement blanc et est alors prêt à commencer la crémation et à
allumer le feu. Au préalable un bucher a été préparé à quelques mètres du
fleuve, environ 350 Kgs de bois sont nécessaires pour faire brûler un corps
pour une durée d’environ 2h30/3h. C’est à la famille d’acheter le bois, entre
50 et 100 roupies le kilo, ce qui peut
représenter une somme conséquente pour certaines familles. Notre guide nous
précise que la solidarité règne ici, et que si une famille n’a pas suffisamment
d’argent pour acheter le bois, elle se fait aider par d’autres.
Les
crémations ne s’arrêtent jamais et selon notre guide, environ 200 personnes par
jour sont ainsi brulées. Nous avons assisté à plusieurs de ces crémations,
c’est assez perturbant même si nous avons globalement eu le sentiment que
l’ambiance n’est pas si pesante que l’on peut l’imaginer en lisant ces lignes.
En effet, la vie continue, les bateaux de bois continuent d’être déchargés, le
sol continue d’être nettoyé, les chants ne sont pas si tristes, les vaches
sacrées continuent de se promener. C’est davantage un acte religieux qui va
libérer le défunt plutôt qu’une immense douleur de la perte d’un proche. Cela
reste un sentiment très difficile à décrire…
Nous
avons beaucoup apprécié Varanasi, nous balader dans les ruelles, nous
mélanger à la foule locale, et nous
laisser aller à la découverte de scènes de la vie courante…
Le soir même, nous prenons le train de nuit pour
Jaipur.