Après
plusieurs heures de bus, nous arrivons enfin au village de Kuala Tahan, porte
d’entrée vers le parc Teman Negara. Ce parc cache l’une des plus anciennes
forêts tropicales du monde, estimée à 130 millions d’années (deux fois plus
vieux que les derniers dinosaures donc !).
Il
existe mille et une façons de visiter cette jungle tropicale : de la
demi-journée sur de simples chemins de passerelles au trek de plusieurs jours
pour atteindre des gîtes à des dizaines de kilomètres de là. Pour notre part,
nous choisirons un juste milieu et partirons pour deux jours en rejoignant le
refuge de Bumbun Kumbang, à une dizaine de kilomètres hors des sentiers battus
du parc.
Avant
de nous lancer dans notre expédition, nous abandonnons nos gros sacs à l’hôtel
et préparons nos petits sacs : des gâteaux secs, des bananes, une portion
de riz préparé dans sa feuille de bananier pour notre diner, une veste
imperméable et pas mal l’eau.
Avant
de commencer notre randonnée, nous traversons la rivière en pirogue pour
rejoindre l’entrée du parc où il nous faut nous acquitter de nos droits
d’entrée.
C’est
parti !
Après
à peine quelques centaines de mètres de passerelles en bois, nous arrivons à
l’entrée du Canopy Walkway, une suite de ponts de singe perchés à plusieurs
mètres du sol. Ce parcours de 300m nous permettra malheureusement d’observer
plus de touristes que d’animaux ou de flore sauvage… Mais notre aventure
continue, nous quittons les passerelles pour un discret sentier s’enfonçant
dans la forêt. Un panneau conseille même de s’y rendre avec un guide (ce que
l’on ne nous a pas affirmé à l’entrée du parc).
Dix
kilomètres seulement nous séparent de notre objectif, mais la progression est
plus lente dans la jungle que sur un sentier dégagé. Il faut regarder où nous
posons chacun de nos pieds. Les conditions ne sont pas faciles non plus, il
fait très chaud et encore un peu plus quand le soleil se fraie un chemin entre
les arbres et vous atteint. La plupart du temps à l’abri des arbres, il y fait
une chaleur étouffante puisque l’air est chargé d’humidité et ne comptez pas
avoir un brin de vent ici… Il nous faut seulement 30min de marche pour être en nage
et que tous nos habits soit saturés en eau, même nos chaussures le sont, sans
avoir mis un pied dans l’eau. Nous en perdons beaucoup, donc nous buvons
beaucoup et la réserve d’eau parait bien trop maigre. Heureusement, nous
croisons des rivières, que l’homme n’a pas (encore) pollué, et cette eau
sortant du cœur de la forêt me semble potable… Youpi ! Je me désaltérerai
donc aux rivières durant la rando, afin de d’économiser notre eau minérale.
C’est
non loin de notre but que nous avons été surpris par la présence d’un petit
camp (plus qu’un village) où hommes, femmes et enfants vivent ici, entièrement
coupés du monde. Malgré cela, ils comprennent parfaitement notre anglais et
nous indiquent notre chemin. Nous reprenons notre route en se demandant comment,
au XXIème siècle, des gens peuvent encore vivre si sauvagement, dans des
cabanes en bambou et en feuilles, à plusieurs kilomètres à l’intérieur de la
forêt ? Une belle et heureuse rencontre, comme doit l’être leur vie.
Finalement,
nous arrivons au bout de notre parcours et trouvons notre abri pour la nuit.
Bonne nouvelle, c’est un refuge en dur, perché sur des piliers de béton à 4m du
sol. A l’intérieur, une seule pièce évidemment avec une demi-douzaine de
lits-superposés en bois, aucun point d’eau bien sûr. Nous avons aussi de
grandes fenêtres nous offrant de jolis points de vue sur la forêt, mais qui
nous serviront d’étendage dans un premier temps.
Attention,
la suite est drôle !
Nous
voilà arrivés depuis une bonne heure, pendant laquelle nous avons pris le temps
de déjeuner, quand nous observons quelques abeilles tourner autour de nos
affaires trempées… Peu inquiet au début, nous avons vite changé de tête quand,
plus tard, une centaine d’abeilles s’était appropriée nos affaires (et les
lieux en même temps). Donc nous voilà
tous les deux, en caleçon dans notre refuge, à essayer de chasser nos
envahisseurs… en vain ! Elles tourneront autour toute la soirée,
certainement intéressées par l’eau dont nos habits sont gorgés, avant de se
coucher en même temps que le soleil. Nous, nous dégusterons notre portion de
riz en observant et en écoutant la forêt environnante, à la recherche d’animaux
depuis nos fenêtres. Hormis quelques oiseaux qui réalisent leurs vocalises, les
habitants de la forêt se font malheureusement discrets. Nous finissons donc la
soirée à jouer à un jeu de société et nous couchons bien fatigués.
Le
lendemain matin, nos affaires ne sont bien entendu pas sèches puisque l’air est
ici aussi saturé en eau. Peu importe, après un léger petit déjeuner nous
prenons le chemin du retour.
En
marchant durant ces deux jours nous avons tout de même croisé un certain nombre
d’insectes ou de reptiles, certains sympathiques, d’autres moins. Outres les
abeilles envahisseuses avec qui nous avons partagé la soirée, nous avons aussi
rencontré d’énormes fourmis, de près de 2cm de long, et de gros mille-pattes,
d’une dizaine de centimètres. La même chose que chez nous mais en maousse
costaud ! A cause de l’humidité, nous avons récolté un certain nombre de
sangsues, attendant notre passage pour s’agripper à nos jambes. Ou comment
finir les jambes en sang…
Dans
la catégorie du dessus, nous avons croisé énormément de lézards, sans forcément
les voir puisque au moindre bruit ils détalent à toute vitesse. Romain a eu
l’œil pour voir un petit serpent noir et rouge s’empressant de se cacher dès
notre passage.
Si
vous voulez encore plus gros, la veille, nous sommes passés juste à côté d’un
cadavre de cochon sauvage qu’une colonie de mouches (sauvages aussi ?)
était en train de nettoyer. Sinon, à la toute fin de notre balade, comme pour
célébrer notre arrivée, nous avons croisé des singes, qui semblaient être
habitués à la présence humaine.
Voilà,
nous en avons fini pour ce parc et toute cette humidité. Un bon repas bien
mérité, une lessive à la main et une bonne douche seront nécessaires avant de
quitter la région.
L’après-midi même nous prenons un bus en direction de
la capitale en espérant pouvoir se rendre demain dans le nord de la Malaisie, à
Georgetown.
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