dimanche 31 mai 2015

Varanasi (ou Bénares)

Tout juste arrivés à la gare, nous montons à bord d’un tuk-tuk afin de rejoindre l’hotel que nous avions choisi. Les hôtels sont légions et leurs noms se ressemblent, il faut donc s’assurer que le conducteur a bien compris. C’est ce que nous croyions avoir fait … Et pourtant le tuk-tuk man ne nous a pas vraiment déposé là où on le voulait, il voulait absolument qu’on aille voir un autre endroit. On refuse en prétextant une réservation déjà effectuée

Le quartier du Chowk est pour partie interdit aux véhicules, donc nous avons dû finir à pied le kilomètre restant. Heureusement nous ne nous sommes pas perdus et sommes tombés sur notre « Vishnau Resthouse » ! Les chambres étaient sommaires mais correctes, avec l’essentiel : le ventilateur ! Il y avait  aussi une terrasse qui nous offrait une magnifique vue sur tout le Gange.




Le Gange est le plus sacré des fleuves de l’Inde, il est bordé à Varanasi, de grands palais qui ont les pieds dans l’eau lors de la mousson. Mais lors de la saison sèche (comme maintenant), de très nombreuses marches se dévoilent et descendent jusque dans le fleuve. Ces marches sont appelées Ghât. Ils sont très nombreux et permettent de se repérer assez facilement. C’est le long de ces Ghâts que chaque matin, des milliers de personnes viennent faire leurs ablutions dans le Gange dès le lever du soleil, c’est-à-dire un peu avant 5h du matin. Les ablutions forment un rituel parfaitement orchestré et maitrisé. Une fois réalisées, chacun s’affaire à différentes taches, comme la toilette, la lessive ou encore la vaisselle. C’est assez impressionnant !

 



Il est très agréable de se promener au pied de ces palais et sur ces marches mais un tour en barque permet de mieux les observer. C’est ce que nous avons fait, une heure de barque à rame sur le Gange pour avoir un autre aperçu des palais, des Ghâts et de l’agitation qui les animent dès 5h du matin.

 

En effet les bords du Gange sont un lieu de vie palpitant pour les indiens à tous les moments de la journée, le matin avec les ablutions mais aussi le soir pour une cérémonie quotidienne qui rend hommage au fleuve sur le Ghât principal, Dasashwamedh Ghât : la Cérémonie du Puja. Plusieurs centaines de personnes assistent chaque jour à cette cérémonie, orchestrée par 7 brahmanes. Ils effectuent une chorégraphie avec différentes offrandes, de l’encens, des grands chandeliers, des plumes de paon, etc. Ils rendent hommage au Gange. Des journalistes m’ont d’ailleurs interviewée pour savoir ce que je pensais du Gange … hum hum !


Varanasi est aussi la ville où beaucoup de gens veulent venir mourir. En effet, selon la croyance indoue, mourir à Varanasi permettrait d’atteindre l’équivalent du nirvana, en mettant un termes au cycle des réincarnations. La ville est d’ailleurs particulièrement connue pour ses crémations effectuées juste au bord du fleuve, principalement sur Manikarnika Ghât. A l’approche du lieu des crémations, nous nous asseyons, un peu en retrait pour observer la scène qui se déroulait devant nos yeux.

Des personnes nettoyaient le sol chargé de cendres, d’autres déchargeaient à mains nues des bateaux remplis de bois, d’autres encore rangeaient le bois … Nous avons eu la chance de rencontrer un indien qui vit sur place et nous a fait la visite du lieu en nous donnant une montagne d’informations sur le processus de crémation. Dès lors que quelqu’un meurt, il est immédiatement préparé, puis enveloppé dans un drap blanc et recouvert de fleurs et de bandes de tissu, souvent brillant. Il est fixé à une civière en bambou et descendu sur les bords du Gange.

Ensuite, le plus vieux de ses fils se fait raser complètement la tête en laissant une pette touffe en haut du crâne et réalise des ablutions dans le Gange. Il se vêtit alors d’un vêtement blanc et est alors prêt à commencer la crémation et à allumer le feu. Au préalable un bucher a été préparé à quelques mètres du fleuve, environ 350 Kgs de bois sont nécessaires pour faire brûler un corps pour une durée d’environ 2h30/3h. C’est à la famille d’acheter le bois, entre 50 et 100 roupies le kilo, ce qui  peut représenter une somme conséquente pour certaines familles. Notre guide nous précise que la solidarité règne ici, et que si une famille n’a pas suffisamment d’argent pour acheter le bois, elle se fait aider par d’autres.


Les crémations ne s’arrêtent jamais et selon notre guide, environ 200 personnes par jour sont ainsi brulées. Nous avons assisté à plusieurs de ces crémations, c’est assez perturbant même si nous avons globalement eu le sentiment que l’ambiance n’est pas si pesante que l’on peut l’imaginer en lisant ces lignes. En effet, la vie continue, les bateaux de bois continuent d’être déchargés, le sol continue d’être nettoyé, les chants ne sont pas si tristes, les vaches sacrées continuent de se promener. C’est davantage un acte religieux qui va libérer le défunt plutôt qu’une immense douleur de la perte d’un proche. Cela reste un sentiment très difficile à décrire…

Nous avons beaucoup apprécié Varanasi, nous balader dans les ruelles, nous mélanger  à la foule locale, et nous laisser aller à la découverte de scènes de la vie courante…
Le soir même, nous prenons le train de nuit pour Jaipur.

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