Durant
la matinée nous prenons un bus depuis Chiang Rai en Thaïlande, en direction de
Chiang Khong, servant de poste frontalier avec le Laos. Arrivés à la gare des
bus, nous prenons un premier tuk-tuk pour le poste frontière à proprement
parler, passons la douane thaïlandaise puis laotienne sans aucuns soucis, avant
de prendre un second tuk-tuk pour la gare routière de Houeisai, première ville
laotienne juste après avoir traversé le Mékong. Ouf ! Mais ce n’est pas
fini ! D’ici nous attrapons un autre bus pour la ville de Luang Nam Tha à
quelques heures de route d’ici. Un dernier tuk-tuk pour rejoindre le
centre-ville et la guesthouse que nous
avions repéré et nous voilà enfin posés au Laos. =)
Histoire
drôle du jour : Un jeune français rencontré lors de ce long trajet, que
nous avons rapidement surnommé Pinpin, se prenait un peu trop pour un
aventurier et un expert du voyage routard. A tel point que, je cite :
« Into the Wild c’est de la
gnognotte comparé à moi ». Allant jusqu’à me faire lire, sans me
demander mon accord, ses « exploits » inscrits sur son carnet, qui se
révéleront être plus des galères pour ma part…Ma foi ! Môsieur étant
apparemment aussi un expert de la négociation (et nouveau diplômé d'HEC…), il a
voulu négocier seul notre dernier Tuk-Tuk pour le groupe que nous étions. Le
chauffeur reste ferme, tant pis, son prix n’est pas monstrueux non plus. Notre
« ami » insiste… insiste encore… devient irrespectueux envers le chauffeur
en le prenant de haut… Finalement il a fini par se recevoir un coup de tête
(entre nous, bien mérité) et par rester sur place, alors que nous prenions
tranquillement le chemin de la ville. On croirait presque à une
morale, non ? Celle de garder les pieds sur terre !?
En
ville, nous faisons aussi rapidement la rencontre de marchands ambulants, des
vielles dames en costumes traditionnels, essayant de nous vendre leurs petits
bracelets en nous accostant gentiment. Du moins c’est ce qu’on pense la
première fois… Ou si on passe son temps à les ignorer. Nous, nous avons choisi
de les saluer et de leur répondre par un large sourire (certes accompagné d’un
non ferme concernant les bracelets). Les croisant de nombreuses fois, elles se
sont assises parfois à nos côtés, et avons ri ensemble sans même se comprendre,
allant jusqu’à échanger un massage durant 2 minutes. C’est alors qu’elles se
sont mises à nous proposer d’autres produits… un peu plus exotiques mais
surtout illicites. Ces mamies sortaient discrètement de leur sacs en bandoulière différentes
drogues dont certainement l’opium, l’héroïne ou le cannabis. On s’en passera,
merci !
Passons
ces étranges personnages ! Venons-en à nos activités !
L’intérêt
premier de la ville et en fait de partir à la découverte de ses alentours, en
réalisant un trek par exemple, comme nous l’avons prévu pour les 2 prochains
jours.
Malheureusement,
Romain s’est retrouvé indisposé au moment du départ et a préféré rester sur
place pendant que j’effectuais la balade via une agence.
J’ai
donc rejoint un petit groupe de voyageurs composé de deux français, une belge
francophone, quatre israéliens et chiliens. Un vrai groupe hétéroclite !
=) Nous avions un guide parlant un peu l’anglais, avec un fort accent laotien
rendant certains mots incompréhensibles Son assistant, Luen, plus jeune, parle
lui bien anglais grâce à l’école. Maintenant les présentations faites, nous
nous mettons en route en longeant dans un premier temps quelques champs, puis
le lit d’une rivière asséchée. Et oui c’est la saison sèche en ce moment, les
cascades et les rivières sont bien réduites. Nous nous sommes rapidement
enfoncés dans la forêt, même si cela grimpait assez sec parfois, le chemin est
plus agréable à l’ombre des arbres. Ces arbres justement nous ont été
présentés, comme celui dont on peut manger les feuilles (vous n’en ferez pas un
repas entier je vous rassure), celui qui produit le caoutchouc, l'hévéa (planté et
cultivé par les paysans) ou encore la liane qui contient de l’eau… (avec
laquelle j’ai aussi pu me prendre pour Tarzan !) Mais le plus présent, le
plus typique et aussi le plus utile est sans conteste le bambou, dont nous
avons traversé des forêts entières.
C’est
après chaque montée ardue que notre guide marquait une pause, il en profitait
pour se griller une ou deux clopes (et ce à chaque pause !?) et pour nous
raconter quelques histoires légendaires ou nous en apprendre un peu plus sur
les différentes ethnies peuplant la région, dont celle que nous rencontrerons
ce soir, au village ou nous allons dormir.
Nous
avons donc appris que contrairement au reste du pays, ces peuples ne sont pas
forcément bouddhistes, mais croient généralement aux esprits… Ou parfois les
deux. De ce que nous avons compris, ces esprits sont intiment liés à la nature,
et il est impératif de les questionner avant de couper un arbre ou tuer un
animal par exemple.
Parmi
les nombreuses histoires complexes et délirantes que nous avons entendues, je
me souviens d’une où des veuves voyaient l’esprit de leur défunt mari revenir
en volant (peut-être sous forme d’homme papillon ?! Pas vraiment compris)
pour régler le compte du nouveau mari. Ou celle dont l’esprit de l’ex-mari
venait se moquer du physique du nouveau… Farfelues donc !
Petite
histoire du guide encore : Les filles ici, se trouvent un homme à l’âge de
15 ans et construisent une petite maison avant d’en construire une plus grande
quand elles deviennent femmes. A ce propos, accoucher de jumeaux est suivi de
l’euthanasie de l’un d’entre eux. Gloups ! Et les femmes dédient un sein
pour allaiter ses enfants, et l’autre à son mari.
Concernant
le village de Nam Khone que nous avons atteint
après 6h de marche facile, il fait partie de la communauté Akhas et doit se
trouver à une trentaine de kilomètres de Luang Nam Tha. Cependant, certains
habitants y sont véhiculés et peuvent rejoindre la ville par la piste sur leur
scooter. La communication n’est pas vraiment possible mais parfois les mains et
un sourire suffisent. Les enfants étaient les plus amusés de nous voir dans
leur village, surtout quand une israélienne leur à sortie des ballons
gonflables. Les paysans vivent avec leurs familles dans des jolies cahutes en
bois et en feuillages, quelques tôles sur certaines. C’est sous un de ces
toits, à l’abri d’une moustiquaire que nous avons dormi tranquillement jusqu’au
chant du coq… à 4h du mat’ ! -_-‘
A
peine réveillés, nous avons eu le droit à notre petit déj’ local, un bol de riz
collant. Au moins ça nourrit ! D' ailleurs, la nourriture, quel plaisir ce
fût !
Le
premier jour nous avons pique-niqué grâce à ce qui avait été amené : du
riz collant enveloppé dans une grande feuille verte, du poulet au gingembre,
des gros haricots et une sauce tomate. Hmmmm !! Le tout servi sur de
gigantesques feuilles de bananier, étalées à même le sol. A déguster avec les
doigts !
Le
lendemain midi nous avons pris conscience de l’utilité que peut avoir le
bambou. Tout d’abord parce que nous en avons mangé, cuisiné au village avant
notre départ. Mais aussi parce que nos guides ont été capables de fabriquer des
pots à mettre au feu pour cuisiner, des pincettes pour le cuisto, et des
assiettes à partager pour les convives. Un vrai luxe. Là encore, un repas
merveilleux au milieu de la jungle et du ruisseau qui s’écoule non loin.
Nous
avons ensuite doucement rejoint la « civilisation » au rythme des
cigarettes et des histoires de notre guide. Encore une belle aventure.
S’étant
vite remis sur pied, Romain à quant à lui pu profiter du 2nd jour
pour parcourir les environs en vélo et passer dans d’autres villages voisins,
complètement délaissés par les touristes. Quatre heures durant il a traversé
rizières et villages, surprenant les locaux dans leur quotidien et étant assez
longuement observé en retour.
Le
soir venu et enfin réunis (première nuit passée l’un sans l’autre depuis 3
mois…) nous avons pris un bus de nuit en direction de Luang Prabang. Une
aventure commençait…
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