lundi 30 mars 2015

Paksé – Plateau des Bolovens – Acte 2

Réveillés tôt, nous n’avons pu résister au pancake banane/chocolat qui nous faisait déjà tant envie la veille au soir. En cadeau, « mama » nous offre aussi à chacun un bracelet pour nous porter chance. En espérant que cela fonctionne ! Quoi de mieux pour bien démarrer la journée ! =)

Nous prenons la route en compagnie de Guillaume, avec qui nous passerons la journée et la soirée. Après quelques dizaines de kilomètres, il est impératif de faire le plein d’essence avant de s’aventurer dans la partie sud-est du plateau, dépourvu de station essence, au risque de devoir pousser le scooter pendant de longues heures.

Nos premiers arrêts ont été des cascades proches de la route, comme Tad Faèk, Tad Sé Nov et Tad Katamtok (Oui, Tad signifie cascade en Lao). Pas de baignade non plus, même si l’eau est redevenue claire ici, juste le plaisir d’observer ces milieux sauvages, préservés de toute trace humaine.

 

A ce propos, c’est en s’enfonçant dans cette partie du plateau, bien moins touristique car plus éloignée de la grande ville de Paksé, que nous avons observé un problème de taille. Certaines zones forestières sont entièrement rasées, presque brûlées, laissant apparaître de grands trous béants dans cet océan de verdure. Rrrhhhaaaaa la déforestation !

La quatrième cascade, Tad Tayicsua, demandait, elle, un peu plus de route… de piste en réalité… mais en vaut réellement la peine une fois devant. Deux grands garçons comme nous, ne maîtrisant un deux roues que depuis quelques jours, écrasant un petit scooter chinois, le tout sur une piste mêlant terre tassée et sable, bosses et trous, ça peut être très drôle autant que dangereux. Prudence et vigilance sont de rigueur ! Et malheureusement cela n’a pas suffi puisque après quelques petites frayeurs en dérapant légèrement, c’est sur le chemin du retour, en suivant un local que nous n’avons pas réussi à freiner à temps et PAF la glissade ! Chères mamans, pas de paniques, nous roulions à faible allure et personne n’a été blessé. Le rapatriement n’est pas envisagé ! (Il fonctionne ce bracelet chance ou pas ?)


La cascade vaut vraiment le déplacement, car elle est dissimulée derrière une pagaille d’arbres et de roches, et est entouré de végétation. La force de la cascade, le calme de la rivière et le chaos de la forêt. Un beau tableau !

Une fois sortis de notre trou, nous avons poursuivi la route jusqu’à Paksong, et trouvé une auberge pour la nuit, en partageant une chambre à trois. Plus on est de fou, plus on rit… et moins c’est cher !

Le lendemain matin, encore des cascades ! Quatre au total, réparties sur 5 petits kilomètres. La première, Tad Yuang, à un charme indéniable tant elle parait sauvage, on se croirait presque au commencement ! La seconde, Tad Champi, donne naissance à une piscine naturelle et est donc idéale pour se baigner. Un radeau permet de se rendre directement sous la cascade. La troisième, Tad Fan est tout simplement la plus grande de toute, avec ses 120m de haut. Vu de loin forcément, elle donne l’impression de se jeter dans un gigantesque gouffre, le modelant années après années. La dernière, Tad Itou, est sans doute la plus animée, car elle est bordée par un hôtel de luxe et apparemment appréciée par les enfants des environs qui s'amusent à sauter et se baigner.

 


L’après-midi, nous avons voulu sortir des sentiers battus (tout en restant sur les pistes) en rejoignant de petits villages comme Bane Kiet Nong, plus au sud. Nous y avons tout de même croisé deux touristes effectuant une ballade à dos d’éléphant. Finalement, après avoir passé presque 2h à chercher notre route, nous avons enfin trouvé notre chemin du retour, mais comment traverser le Mékong en scooter ? La technique est simple : 2 vielles pirogues attachées entre elles par l’intermédiaire d’une petite passerelle en bois et le tour est joué ! Reste à s’avancer sur l’embarcation avec notre 2 roues, à attendre 5min, puis à débarquer de l’autre côté. C’est fou comme des choses si simples que ça peuvent vous dépayser !


Nous voilà sur l’autre rive, dans la commune de Champassak, que nous découvrirons demain.


Tout près d’ici se cache un site archéologique, nommé Wat Phou, un vieux temple d’architecture Khmère et de religion hindouiste. Le site a connu un premier intérêt dès le Vème siècle ap. J.C. avec la construction d’un premier temple, peut être dû à la présence de la source d’eau qui s'écoule juste en dessus. C’est en fait entre le XIème et le XIIIème que l’ensemble encore visible aujourd’hui a vu le jour et s’est agrandit. Ce site est l'un des rares à avoir subi et conservé une influence indienne (et non chinoise), en intégrant la religion hindouiste. On retrouve donc beaucoup de gravures de Shiva (dieu principal du sanctuaire) ou une Trimurti, la trinité hindouiste (Shiva, Brahma et Vishnu). Depuis l’effondrement de l’empire Khmer, le temple est devenu un site de pèlerinage Bouddhiste.

Trois heures durant nous avons donc arpenté ces terrasses et ces escaliers faits de vielles pierres et parfois marqués de gravures. La traversée d’une immense allée séparant deux bassins nous mène directement au deux palais principaux, puis vous grimpez une quantité de vieux escaliers pour atteindre le sanctuaire.


Un peu plus loin, après une énième mauvaise piste, se trouve le temple de Nang Sida (dont on reparlera), un autre site archéologique toujours exploité. Nous avons pu observer quelques ouvriers déblayer soigneusement les premières tranchées mises au jour.

La visite terminée nous comptions passer l’après-midi au calme, du moins c’était le programme prévu. Un problème est survenu : un de nos 2 amortisseurs arrières n'a pas apprécié notre voyage et s'est complètement plié… Avec les moyens du bord et une bonne dose de sueur, nous l’avons grossièrement redressé ; espérons suffisamment pour que notre loueur ne le remarque pas. (Raté ! Il le verra et on déboursera 100 000 Kips soit 12€ pour le changer) Puis le soir venu, il nous fallait retirer de l’argent afin de dîner convenablement (2 assiettes chacun est devenu une habitude ces derniers temps) et assister à un spectacle. Pas de chance, les deux distributeurs du hameau son hors service « temporairement »… Et ce sont semble-il les seuls du coin… Super ! (Décidément, ce bracelet porte chance…) La solution : prendre le scooter et rouler jusqu’à en croiser un ! Vous me croyez si je vous dis que j’ai dû faire 70km aller/retour pour en trouver un ? Le tout avec un scooter sur la réserve d’essence, qui tombe en panne juste devant la station d’essence, après avoir retiré ? (Haaaa enfin mon bracelet fonctionne !)

Le soir nous avons donc pu assister normalement à un merveilleux spectacle, un théâtre d’ombres géré par un français. Le principe est simple, des artistes font bouger et vivre des marionnettes plates en cartons et projettent leurs ombres sur une toile blanche, que nous, spectateurs, voyons de l’autre côté. Rajoutez à cela, quatorze musiciens jouant des instruments locaux face à vous, des dialogues en  lao et des chants traditionnels et vous êtes comblés.
Pour résumer, le spectacle s’intitule « La grande histoire de Phralak et Phralam » et retrace l’aventure de ces deux personnages dans l’adaptation laotienne du Ramayana, un récit en langue sanskrite faisant partie des textes fondamentaux de l’hindouisme.

L’histoire n’est pas vraiment simple mais je vais essayer de vous la résumer en quelques lignes :
Le roi envoie ses deux fils, Phralak et Phralam, apprendre à devenir fort chez un vieil ermite. Ils y rencontrent Nang Sida, une bien jolie jeune fille dont l’un des deux tombe amoureux et avec qui il se marrie. Petit problème, un géant maléfique, nommé Thod Sakan, qui rode dans les parages, la désire aussi et décide de se métamorphoser pour attirer la belle et l’enlever. S’en suivent de nombreuses péripéties.  L’un des deux princes sera blessé et l’autre devra réunir divers objets pour le guérir. Cette quête le fera se transformer en singe pendant un long moment, et aura un fils avec une guenon : Hanouman, le grand singe blanc aux pouvoirs magiques. C’est ce dernier, accompagné de son armée de singes qui combattra l’armée du géant et retrouvera la princesse.

Voilà pour les grandes lignes et les personnages principaux. Mais sachez, que cela n’est qu’une infime partie du Ramayana interprétée par un théâtre laotien et retranscrit par moi-même. Méfiance donc !

A l’aube, le lendemain, il nous fallait vite prendre la route pour ramener le scooter à l’agence et grimper dans un bus pour notre prochaine destination. Nous avons même eu le temps de faire une micro panne essence puisque un Lao nous voyant nous arrêter sur le bord de la route s’est empressé de venir nous aider en nous vendant une bouteille de gasoil qu’il promenait… Nous sommes arrivés largement à temps pour filer vers de Don Det, dans la région des 4000 îles, frontalière avec le Cambodge.

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